La multiplication des contrats de support à l’heure de vol d’AAR n’est pas le fruit du hasard, comme nous l’a expliqué Kathleen Cantillon, vice-présidente de la communication stratégique de la société MRO américaine lors de la 52e édition du salon du Bourget. AAR Corp a d’ailleurs profité du salon pour reconduire son contrat de support équipement avec Air Austral. Les deux 737-800 de la compagnie réunionnaise sont en effet couverts par un contrat PBH avec AAR depuis 8 ans. La société MRO indépendante américaine vient par ailleurs de signer un nouveau contrat de ce type avec la compagnie koweïtienne Wataniya Airways.
Kathleen Cantillon nous annonce que les contrats de type PBH sont rapidement passés de 12 à 32, avec plus de 1300 avions commerciaux couverts par ce type de contrat. Ils couvrent les réparations, le remplacement des pièces ainsi que le support AOG. Sont concernés en Europe des compagnies comme Enter Air, Small Planet, les compagnies du groupe ASL (la maison mère d’Europe Airpost). Flydubai est aussi concerné au Moyen-Orient et AAR vient par ailleurs de signer un contrat avec le groupe Viva pour ses compagnies au Pérou et en Colombie, le premier de ce type pour AAR en Amérique latine. « Nous avons des programmes qui sont en train de démarrer dans tous les continents, c’est vraiment un moment très fort pour nous » s’est réjoui Kathleen Cantillon.
Elle nous rappelle aussi qu’AAR s’est implanté récemment à Londres, en ouvrant des bureaux à Gatwick particulièrement dédiés à ce type de services. Historiquement AAR était principalement tourné vers l’Amérique du Nord, mais disposait aussi d’un centre de réparations à Amsterdam ainsi que de magasins de stockage en Europe. Avec des solutions comme Airinmar (online repair management) AAR disposait finalement de tous les éléments pour développer ce type de services, tout en pouvant proposer aussi à ses clients des offres de réparations de train d’atterrissages aux États-Unis ou des travaux sur cellules par exemple. Kathleen Cantillon nous explique qu’avec un seul fournisseur, les opérateurs peuvent ainsi disposer de tout un ensemble de services, et cela a été une très forte source de croissance. « Beaucoup de compagnies aériennes se sont rendu compte qu’elles pouvaient gagner de l’argent en externalisant ce type de services » ajoute-elle, précisant que, pour les start-ups par exemple, cela permet de libérer des actifs tout en améliorant leurs opérations. Pour les compagnies plus importantes, cela permet aussi de réduire les coûts.
Kathleen Cantillon cite également l’activité de distribution de pièces pour les OEM sur certains marchés, notamment sur la deuxième monte et les rechanges. « Ils peuvent ainsi utiliser nos équipes commerciales et nos entrepôts de stockage pour une meilleure distribution ». AAR travaille aujourd’hui avec plus d’une cinquantaine d’OEM, aussi bien pour l’aviation commerciale que pour l’aviation gouvernementale.
Concernant l’activité MRO d’AAR, Kathleen Cantillon nous a révélé qu’une nouvelle implantation hors des États-Unis sera bientôt dévoilée. La société américaine profitera par ailleurs du prochain salon MRO Europe à Londres en octobre pour présenter de nouveaux services digitaux destinés aux opérateurs. « Bien sûr, de nombreux acteurs proposent aussi ce type de services, mais nous sommes présents sur le secteur depuis très longtemps et nous disposons d’une énorme quantité de données et connaissons bien les besoins des clients en termes de visibilité temps réel, pour leur montrer où se situent leurs équipements ». Sur ce sujet AAR a d’ailleurs lancé en novembre dernier un outil baptisé « Online Parts Store » pour les pièces neuves provenant des OEM, mais va aussi y intégrer son propre inventaire. AAR dispose en effet aujourd’hui de plus d’un million de pièces en stock. C’est d’ailleurs notamment par le trading de pièces détachées que la société MRO américaine a bâti son activité au cours des soixante dernières années.
« Nous vivons vraiment un moment très fort en ce moment avec cette transition vers les services » poursuit Kathleen Cantillon, même si évidemment beaucoup d’acteurs se lancent aussi sur ce marché, les avionneurs comme Airbus et Boeing en premier lieu. « Mais nous pensons qu’il y a une grande place pour nous car nous sommes indépendants et nous pouvons vraiment vendre ce que nous pensons être la meilleure solution, celle qui fera économiser le plus d’argent aux compagnies aériennes, car en étant un acteur plus petit, nous pouvons plus facilement customiser nos programmes ». Et de conclure : « Nous sommes, je pense, plus agiles ».