Au vu de l’évolution actuelle du monde de la maintenance – croissance importante, difficultés d’approvisionnement, coûts de stockage, manque de ressources humaines, nouveaux modèles économiques – l’optimisation de la planification apparaît comme primordiale. C’est du moins ce que pense la société de conseil française Accelean. Elle a donc profité du salon MRO Americas, qui s’est tenu à Orlando (Floride) en avril dernier, pour présenter sa solution logicielle Acumain. Celle-ci est destinée à la gestion des capacités machines et des ressources humaines.
Régulièrement sollicitée pour résoudre des difficultés de planification et d’équilibre entre charges et capacités, Accelean a accumulé une certaine expérience dans la conception d’outils dédiés basés sur des tableurs, comme l’explique Michel Carron, son directeur général. Après avoir renouvelé plusieurs fois cette démarche et abouti à des résultats similaires, la société de conseil a décidé de sortir de son coeur de métier pour développer une solution logicielle propriétaire. Elle a donc lancé Acumain en 2016, progiciel capable d’opérer de façon autonome ou en relation avec un ERP (logiciel de planification des ressources d’entreprise).
« Nous sommes dans un système qui doit s’adapter très rapidement, déclare Michel Carron. C’est pour cela que nous avons intégré une logique de variantes dans Acumain. Pour un même type de chantier, nous pouvons proposer différentes variantes de planification qui généreront des champs d’application des travaux différents. En mode prévisionnel, l’outil doit permettre de sélectionner une variante en fonction des éléments que vous avez à disposition avant le début du chantier. Lorsque celui démarre et que les phases d’inspection ont été réalisées, vous pouvez ajuster la variante choisie dans l’outil, puis continuer à l’affiner au fur et mesure que les informations arrivent. Acumain adapte alors la planification. »
Toujours selon le dirigeant, Acumain est aussi à même de gérer la planification de chantiers – comme la réparation d’équipements – qui se caractérisent par un double mode de pilotage : d’abord en flux poussé depuis l’arrivée de l’équipement jusqu’à l’envoi du devis au client, phase où la société de MRO dispose de peu de visibilité et se doit d’aller vite, puis en flux tiré pour la phase de réparation avec une date de livraison promise au client. « Un ERP classique ne sait pas gérer ce double modèle », continue-t-il.
Large spectre
Michel Carron estime ainsi qu’Acumain peut s’adapter à tous types de maintenance et de chantiers. « Nous sommes partis de la connaissance fine des activités de nos clients et des difficultés rencontrées dans ce processus de planification, affirme-t-il. Cette connaissance métier fait qu’Acumain n’est pas un produit sur étagère. Il n’y a pas un seul Acumain, mais un pour les activités sur les cellules, un pour les moteurs, un pour les équipements, ou encore un pour les gros chantiers avec des cycles complexes, qui prend en compte les notions de sous-ensembles et de charge de travail sur des pièces élémentaires. »
Michel Carron identifie aussi les composites comme un champ d’application très intéressant, leur réparation étant par nature très difficile à standardiser : « C’est l’exemple parfait de la variabilité de la réparation ». Les dommages liés aux événements comme des impacts sur le fuselage ou la voilure ne peuvent ainsi pas faire l’objet d’une maintenance programmée, ni d’une prévision des ressources nécessaires.
Accelean envisage désormais l’évolution d’Acumain à l’aune du développement de l’utilisation massive des données. D’ici quelques temps, les outils de maintenance prédictive pourraient ainsi alimenter directement Acumain pour renforcer ses capacités de planification.
Néanmoins, Michel Carron prévient que ce mouvement pourrait aussi complexifier le travail de planification : « Le développement de la maintenance prédictive change complètement la donne en ce qui concerne par exemple les équipements simples. Lorsque vous avez un logiciel qui vous dit que tel équipement risque de générer une panne, et donc un risque d’AOG ou plus grave, l’opérateur va choisir la prudence et le déposer. On estime que le volume d’équipements déposés dans ces conditions va augmenter et probablement dans de fortes proportions, ce qui devrait générer des difficultés pour les ateliers dans la gestion et la planification de leurs activités, ainsi que des hausses de coûts. »
Vue d’Acumain. © Accelean
Premiers déploiements
Solution progicielle, Acumain nécessite donc une phase d’implémentation avec un travail pour établir les données de base qui définiront les variantes. Les informations standardisées des ERP ne peuvent être reprises telles quelles et Accelean doit donc les adapter et les enrichir en coopération avec son client. Par la suite, le retour d’expérience des chantiers pourra être utilisé pour enrichir les variantes et, par extension, les données des ERP. Cela permettra un gain de fiabilité pour les sociétés de MRO dans leurs propositions commerciales, ajoute Michel Carron.
A l’heure actuelle, cette démarche a été réalisée pour l’activité aérostructures AFI-KLM E&M – qui un client important d’Accelean depuis 2013, précise le dirigeant – avec des débuts opérationnels en 2017. Sollicité dans un cadre plus large, Accelean en avait alors profité pour proposer Acumain au groupe franco-néerlandais.
Cette première implémentation a suivi une logique incrémentale. Après une première expérimentation chez CRMA, filiale d’AFI-KLM E&M, la solution a été adoptée par le département moteurs du groupe avec le projet Forward, dans le cadre du plan stratégique d’amélioration de la performance Perform 2020. Ces premières étapes se sont faites dans environnement tableur, mais ont permis de poser les bases du futur logiciel. Acumain est ensuite passé dans sa forme actuelle pour l’activité aérostructures.