La refonte actuelle du MCO aéronautique, avec comme point d’orgue la création de la Direction de la maintenance aéronautique (DMAé) en avril, suscite autant d’attentes que de questionnements. La quatrième édition de l’ADS Show, qui se tiendra les 26 et 27 septembre sur la BA106 de Bordeaux-Mérignac, devrait donc être le lieu d’intenses discussions. La présentation de ce salon, le 22 mai à Paris, a donné un premier aperçu de ce que sera la nature des débats.
Preuve de l’importance des enjeux actuels du MCO, l’édition 2018 de l’ADS Show devrait être en forte croissance par rapport à la précédente édition, qui s’est tenue il y a deux ans. Le salon compte désormais 150 partenaires. C’est une augmentation de près de 40 % par rapport à l’édition 2016 et de plus de 60 % par rapport à 2014. Le nombre de visiteurs devrait passer la barre des 5 000 personnes (+12 %), tous professionnels, ce qui devrait permettre l’organisation de plus de 1 000 rendez-vous d’affaires (+35 %).
Le général Jean-Marc Laurent, titulaire de la chaire Défense et aérospatial à Sciences Po Bordeaux espère ainsi que le salon permettra des rencontres entre opérationnels, industriels, start-up et universitaires, et contribuera à la création d’un véritable pôle européen du MCO en Région Nouvelle Aquitaine.
La DMAé, source d’interrogations
Parmi les sujets abordés, la création de la DMAé sera assurément au centre des débats. Sa directrice, l’ingénieure générale de l’armement Monique Legrand-Larroche, a profité de cet évènement parisien pour présenter ses premières orientations. Elle a tout d’abord rappelé que le MCO devrait bénéficier d’une hausse conséquente de crédits – qui passeraient de trois à quatre milliards d’euros par an, dont une grande partie consacrée à l’aéronautique – si la LPM 2019-2025 était votée en l’état par le Parlement. Elle a également affirmé son ambition de transformer le MCO en profondeur au cours des trois prochaines années
Plus précisément au niveau de la DMAé, la nouvelle figure centrale du MCO aéronautique a confirmé sa volonté de mettre en place une gouvernance renforcée avec plusieurs cadres venus de la DGA, d’où elle-même est issue, bien que sa direction soit rattachée à l’état-major des armées (EMA). Elle veut mettre en place un fonctionnement interne « beaucoup plus matriciel » que feu la SIMMAD, et « replacer au centre » les flottes et leur entretien.
En termes de stratégie, Monique Legrand-Larroche veut davantage « verticaliser » le soutien, avec l’Etat comme maître d’ouvrage et de grands industriels comme maîtres d’oeuvre. Elle entend responsabiliser plus fortement ces derniers avec de nouveaux contrats, plus longs – de 5 à 10 ans – et orientés sur la performance. Elle veut également les inciter à plus s’appuyer sur les PME, les ETI et les start-up, notamment pour favoriser l’introduction d’innovations et prendre le tournant du numérique.
Egalement présent du fait de l’importance de la Nouvelle Aquitaine dans l’organisation d’ADS Show, le président de la Région Alain Rousset a fait part d’une certaine inquiétude face à cette volonté de verticalité. Il a ainsi défendu un modèle plus horizontal, afin de favoriser le dialogue entre les différents acteurs, dont l’Etat, et surtout permettre une meilleure intégration d’acteurs de taille intermédiaire entre les grands donneurs d’ordres et les PME. Il regrette ainsi l’absence d’une « classe moyenne d’entreprises », composée d’ETI, dans ce monde du MCO. De même, il met en garde contre une trop grande centralisation de la nouvelle organisation. Un discours somme toute logique pour le président d’une région, qui compte en plus de nombreuses PME et ETI aéronautiques.
Les industriels concernés
Bruno Chevalier, directeur général du soutien militaire de Dassault Aviation, complétait le panel. Plus diplomate, il a rappelé que la bonne tenue du MCO est stratégique pour les industriels et donc la volonté de ces derniers de construire un système performant. Dans le cas contraire, il redoute que la France perde du terrain à l’export, aussi bien face à ses concurrents étrangers que ses partenaires européens, tant le MCO est devenu primordial dans la décision d’achat d’un nouveau matériel. Une équation qui comprend la disponibilité du matériel comme son coût d’entretien.
Un dernier sujet, soulevé par la salle, porte sur la chaîne d’approvisionnement, qu’il s’agisse de la disponibilité des pièces ou de la difficulté pour de petits acteurs de s’intégrer au dispositif. Monique Legrand-Larroche a alors expliqué sa volonté d’aller vers plus d’anticipation que ne le permet l’organisation actuelle basée sur la réaction. Elle veut pour cela s’appuyer sur des systèmes de guichets sur les bases, comme c’est le cas pour le Rafale. Tenus par de grands industriels, ils devraient incorporer de petits acteurs dans leur périmètre.
Enfin, la directrice de la DMAé a conclu en expliquant que les performances futures de la chaîne approvisionnement sont largement conditionnées par la mise en place du futur système d’informations uniformisé des armées.