Avec plus de 106 millions de passagers et une croissance de près de 13% en 2018, le transport aérien vietnamien est aujourd’hui l’un des plus dynamiques d’Asie, porté par une économie qui ne demande qu’à poursuivre son développement et qui ne peut qu’être favorisée par la multiplication des barrières douanières de l’administration Trump vis-à-vis de son grand voisin du Nord. Autre source de croissance potentielle, l’accord de libre-échange entre l’UE et le Vietnam ratifié en juin à Hanoï et qui prévoit de pratiquement supprimer l’intégralité des droits de douane entre les deux parties d’ici 10 ans.
Vietnam Airlines poursuit ainsi sa croissance et notamment sur le long-courrier, avec les très probables ouvertures de lignes directes vers les États-Unis qui feront suite à la récente autorisation décrochée auprès des autorités américaines. Sa filiale Jetstar Pacific résiste quant à elle à l’explosion de VietJet, la compagnie privée qui aligne désormais près de 70 appareils de la famille A320/A320neo et qui dispose de plus de 300 appareils en commande chez Airbus et Boeing. La jeune Bamboo Airways, lancée en janvier, opère déjà avec une dizaine de monocouloirs Airbus en attendant ses prochains gros-porteurs. Enfin le conglomérat Vingroup lancera Vinpearl Air l’été prochain, une nouvelle compagnie aérienne l’année qui ambitionne déjà d’opérer avec une trentaine de monocouloirs Airbus d’ici 5 ans.
Évidemment, dans ce contexte, les perspectives pour le secteur de la MRO au Vietnam semblent particulièrement prometteuses et pourtant, tout reste à faire. Les capacités MRO du pays sont en effet pratiquement exclusivement concentrées autour de l’activité de Vietnam Airlines Engineering Company (VAECO). La filiale Engineering de la compagnie nationale vietnamienne possède deux grands centres de maintenance historiques à Hanoï (Nobai) et à Hô-Chi-Minh-Ville (Tan Son Nhat) avec une capacité totale comprenant six hangars de maintenance lourde pour avions gros porteurs et monocouloirs.
Historiquement, les installations de VAECO à Hanoi étaient davantage tournées vers sa flotte Airbus (A320, A330 et maintenant A350) alors que celles d’Hô-Chi-Minh-Ville étaient principalement consacrées à la maintenance lourde de ses Boeing, même si les choses sont désormais beaucoup moins segmentées, avec une très nette tendance en faveur du développement des activités MRO de la capitale aujourd’hui. Or les installations de Vietnam Airlines ne sont même pas calibrées pour ses propres besoins et la compagnie fait encore très largement appelle à de nombreuses sociétés MRO étrangères dans toute l’Asie, voire bien au-delà.
Le déficit de capacité de maintenance au Vietnam aiguise évidemment l’appétit des grandes sociétés mondiales, à l’instar de Lufthansa Technik qui s’est déjà montré intéressé à venir s’implanter dans le pays l’année dernière en se rapprochant de VAECO pour un possible partenariat. Le géant allemand de la maintenance est déjà présent à Manille (maintenance cellule) et à Shenzhen (réparation de composants et de pièces). Mais c’est pour l’instant le Singapourien ST Engineering qui a fait le premier pas ces derniers mois avec la création d’une JV avec VAECO baptisée Vietnam Singapore Technologies Engineering Aerospace qui sera dédiée à la maintenance d’équipements pour ATR, A320 et 787. Pour rappel, Jetstar Pacific est un client régulier des hangars de ST Engineering.