Avec Execujet en janvier et TAG Aviation en février, Dassault Aviation vient de faire l’acquisition coup sur coup de deux acteurs importants de la MRO dans l’aviation d’affaires. Le constructeur étoffe ainsi largement son réseau de stations-services en propre, et marque une évolution dans sa stratégie de soutien à la clientèle.
« Nous voulons avoir une empreinte mondiale avec un réseau de stations-services labellisées en propre, afin d’offrir de la qualité et de la continuité dans notre service avec un soutien direct à nos clients partout dans le monde », a expliqué Eric Trappier, PDG de Dassault Aviation, lors de sa conférence de résultats le 28 février. Ce sont quinze nouveaux centres de maintenance qui rejoignent ainsi le giron du constructeur.
Cette nouvelle stratégie semble effectivement avoir du sens au vu de l’importance prise par les services à la clientèle dans l’aviation d’affaires, que ce soit pour la décision d’achat ou de la génération de revenus additionnels.
On peut aussi y voir une réponse à Gulfstream, qui a allumé la première mèche en la matière. Jet Aviation – « compagnie-soeur » du constructeur au sein General Dynamics, des mots mêmes de Derek Zimmerman, président du Soutien Produit de Gulfstream – a en effet racheté Hawker Pacific au printemps 2018.
Cela a permis au groupe américain de frapper un grand coup avec le renforcement de ses capacités de maintenance en Asie, mais aussi avec une première prise de contrôle d’une société de MRO « multimarques ».
Renforcement ciblé
Dans le détail, le rachat des activités mondiales de maintenance d’ExecuJet au groupe Luxaviation permet à Dassault Aviation de se développer vers l’Asie et l’Océanie. Il intègre ainsi onze stations-services réparties entre l’Afrique du Sud, l’Australie, les Emirats Arabes Unis, la Malaisie, le Nigéria et la Nouvelle-Zélande. La transaction n’inclut pas les participations d’ExecuJet dans Lufthansa Bombardier Aviation Services (LBAS), en Allemagne et en Russie.
En ce qui concerne TAG Aviation, il s’agit uniquement du rachat des activités de maintenance d’avions d’affaires en Europe – ce qui constitue tout de même l’essentiel du réseau du groupe suisse, avec quatre centres de MRO répartis entre la France, le Portugal, le Royaume-Uni et la Suisse.
L’intégration de ces différentes activités de maintenance se fera progressivement en 2019, sous réserve de l’obtention des autorisations nécessaires. Elles garderont pour l’instant leurs marques respectives, si ce n’est celles de TAG Aviation qui passeront sous le nom TAG Maintenance Services. « Nous allons protéger la marque pendant un temps car ces stations-services opèrent les avions d’autres constructeurs. A terme, elles ont vocation à être intégrées dans le réseau global sous la marque Dassault. »
Le prix de ces acquisitions est pour l’instant tenu secret par Dassault Aviation. Eric Trappier s’est contenté de déclarer qu’il ne s’agissait pas de très grosses transactions. Et le PDG ne ferme pas la porte à de futures acquisitions, pour peu qu’elles présentent un intérêt géographique ou stratégique, avec des compétences particulières, pour renforcer le réseau existant.