L’ingénieure générale de l’armement Monique Legrand-Larroche, directrice de la toute nouvelle Direction de la maintenance aéronautique (DMAé), était présente lors de la présentation du salon ADS Show. Le Journal de l’Aviation est allé à sa rencontre à l’issue de cette conférence, qui s’est déroulée le 22 mai à Paris, pour connaître les grandes orientations que prendra le MCO aéronautique français dans les prochaines années.
Vous avez exposé votre volonté d’introduire de nouveaux contrats basés sur la performance, avec une plus longue durée (entre 5 et 10 ans), pour responsabiliser davantage les industriels. Y aura-t-il de premiers accords qui serviront d’exemples pour construire ce cadre futur ?
Nous avons d’abord défini des aéronefs prioritaires pour des raisons de mauvaises performances ou parce qu’il y avait un besoin des forces particulièrement important. Il s’agit de l’Atlantique 2, de l’A400M, des Cougar et Caracal, des Dauphins, Pedro et Panther. Nous avons aussi choisi du Rafale en raison d’un renouvellement de contrat.
Sur ces flottes que nous avons jugées prioritaires, et probablement une de plus, nous partons sur de premiers contrats qui vont à la fois servir d’exemples et de tests, afin de pouvoir les adapter par la suite en fonction du retour que nous aurons. Je suis quelqu’un de pragmatique.
Nous allons voir ce que nous faisons bien, ce que nous ne faisons pas bien afin que les contrats ultérieurs soient plus en adéquation avec ce que l’on est capable de faire.
Quels seront les indicateurs de performance de ces contrats ?
Pour moi, les indicateurs sont vraiment « est-ce que nous pouvons réaliser l’activité ? » et « est-ce que le nombre d’aéronefs dont a besoin les forces est là ? ». L’indicateur de disponibilité n’est jamais qu’une conséquence des deux autres et ne doit pas être le premier. Il n’y a pas d’objectifs chiffrés en termes de disponibilité.
La priorité c’est qu’il y ait plus d’aéronefs aptes à voler dans les forces, en opérations extérieures et aussi en métropole pour permettre la reformation et la régénération.
Vous avez annoncé un budget en hausse et une volonté de transformer le MCO en profondeur dans les trois ans à venir. Cela va-t-il s’accompagner de recrutements ?
Effectivement, dans le cadre de cette transformation, nous allons être amenés à recruter des civils et à avoir un peu moins de militaires dans la structure. Il y a donc une politique de recrutement qui va être lancée, tout particulièrement dans la région de Bordeaux [où se déroule l’ADS Show et qui accueille l’un des cinq ateliers industriels de l’aéronautique du SIAé, cheville industrielle de la DMAé, NDLR].
La DGA a lancé le plan d’études DOMINNO avec Safran Helicopter Engines en mars dernier. Allez-vous être amenée à mettre en place davantage d’initiatives de ce genre ?
Mon objectif est effectivement d’inciter les industriels à recourir davantage à l’innovation, en s’appuyant plus sur les PME. Ce qui est fait avec Safran Helicopter Engines, nous allons essayer de le reproduire avec les autres maîtres d’oeuvre.
Nous devons utiliser l’apport de la puissance numérique, notamment sur la maintenance prédictive. Nous allons donc nous appuyer sur les innovations du monde militaire mais aussi celles venues du monde civil, avec les PME et les ETI.
Le défi est d’arriver à ce que ces PME et les ETI soient toujours bien intégrées par les industriels maîtres d’oeuvre, car il y a beaucoup d’innovation chez elles, ainsi que de la souplesse et de la réactivité. Il y a un travail à faire avec les maîtres d’oeuvre pour qu’ils prennent bien en compte ce tissu. Il ne faut pas que le fait de verticaliser davantage les relations ait un effet d’éviction.