Rolls-Royce va devoir faire un grand effort sur ses capacités de soutien. Confronté à des problèmes récurrents sur ses moteurs Trent 1000 – et particulièrement l’usure précoce des aubes de turbine haute pression (HP) de la version TEN – le motoriste britannique a annoncé une accélération des plans d’expansion de son réseau de MRO « avec plusieurs projets d’envergure en cours visant à augmenter la capacité pour le Trent 1000 à court terme ».
La principale disposition est l’évolution des sites de Dahlewitz, en Allemagne, et de Montréal, au Canada. Ils sont tous deux appelés à devenir « des hubs de service capables d’assurer la révision des moteurs Trent 1000 ». Le changement est de taille pour le site canadien, qui était jusque-là dédié aux moteurs d’avions d’affaires.
Rolls-Royce devrait aussi investir de façon conséquente au Royaume-Uni pour développer les moyens de son fief de Derby, afin d’en faire un Centre d’excellence pour la révision des moteurs, et doubler les capacités de révision de ses installations à Londres-Heathrow. De même, les sites de Bristol et Inchinnan seront renforcés pour pouvoir absorber un volume plus important de Trent 700.
Enfin, le motoriste « a sécurisé l’utilisation d’un banc d’essai supplémentaire à Dallas-Fort Worth » pour tester ses moteurs outre-Atlantique. Aucune mesure spécifique n’a été annoncée pour l’instant en Asie, notamment à Seletar (Singapour).
« Ces investissements marquent un changement majeur dans nos plans d’expansion MRO et nous aideront à long terme à répondre à la demande d’entretien croissante de notre base installée », a estimé Rolls-Royce dans un communiqué.
Ces investissements sur le réseau vont s’accompagner d’autres mesures afin de réduire rapidement le nombre d’avions cloués au sol (AOG) du fait des défaillances du Trent 1000. Le stock de moteurs de rechange va « s’accroître significativement ». Le motoriste admet néanmoins que ces immobilisations accrues devront être compensées financièrement « en établissant de nouvelles priorités pour les dépenses et en réalisant des économies ailleurs ». Reste à savoir où, alors qu’un vaste plan de restructuration a déjà été lancé en juin 2018.
Cette accélération sera d’autant plus utile que l’EASA, à la demande de l’Agenzia Nazionale per la Sicurezza del Volo (ANSV), vient de publier une directive de navigabilité (AD) pour des inspections et le remplacement anticipé d’aubes de turbines de pression intermédiaire (IP) sur les Trent 1000, suite à l’accident grave d’un Boeing 787 de Norwegian à Rome en août dernier.