En attendant les ruptures technologiques promises par les avionneurs et la mise en place d’une industrie du carburant durable d’aviation, une combinaison de mesures opérationnelles peut déjà réduire l’impact environnemental des opérations. C’est ce qu’a voulu démontrer Air France en cumulant des bonnes pratiques éprouvées tout en testant de nouvelles initiatives sur deux de ses vols. Ainsi, elle affirme avoir réussi à réduire de moitié les émissions de CO2 d’un Paris – Montréal et un Paris – Lisbonne.
Pour ces deux vols, la compagnie a commencé par choisir les appareils les plus efficaces de sa flotte : l’Airbus A350 vers Montréal et l’A220-300 vers Lisbonne, qui consomment entre 20% et 25% de moins que les appareils qu’ils remplacent. Elle a également amplifié son recours au carburant durable d’aviation (SAF) en substituant 16% de Jet-A par du SAF sur le vol long-courrier et 30% sur le moyen-courrier. Ce SAF était produit par TotalEnergies à partir de biomasse telle que des huiles de cuisson usagées, ce qui permet une réduction moyenne de 80% des émissions de CO2 sur son cycle de vie par rapport au carburant d’origine fossile.
D’autres leviers connus ont été actionnés pour parvenir à ces 50% de réduction des émissions, comme les solutions d’éco-pilotage déjà utilisées (roulage sur un seul moteur, optimisation des trajectoires, de la montée et de la descente…). Celles-ci ajoutent entre 3% et 4% d’économies de carburant.
Air France a par ailleurs sollicité ses prestataires et ses clients pour rendre les opérations plus vertes. Par exemple, elle s’est assuré que les opérations au sol seraient 100% électriques, du repoussage de l’avion au transport des équipages et du fret, en passant par l’utilisation d’un tracteur autonome pour les bagages.
L’offre de restauration en salon comme en vol a également été pensée pour être la plus responsable possible, avec le choix de produits locaux, durables et de saison en salon, l’utilisation maximale de matériaux écoresponsables partout (trolleys plus légers, couverts en bois, vaisselle en bagasse, suppression des bouteilles en plastique individuelles…) et l’adoption du tri sélectif à bord. Les passagers étaient invités à apporter leur contribution en choisissant leur repas chaud avant le vol vers Montréal – avec des propositions végétariennes ou d’un plat intégrant de la viande origine France ou du poisson issu de la pêche durable MSC -et une offre 100% végétarienne sur Lisbonne, le tout préparé en France. Ceci a permis de limiter le gaspillage et de réduire le poids emporté. Une communication diffusée en amont des vols les encourageait également à limiter le poids des bagages.
L’impact de toutes ces initiatives va désormais être analysé, ainsi que leur perception par les clients qui ont participé à ces expérimentations. Le renouvellement de la flotte (en cours, avec l’objectif d’atteindre 70% d’appareils de nouvelle génération en 2030 contre 7% aujourd’hui) et l’utilisation de SAF sont bien sûr les leviers les plus efficaces. Mais la faible capacité de production de carburant durable rend essentielle toute mesure complémentaire pouvant être mise en place à une échelle industrielle pour parvenir aux objectifs de réduction des émissions de la compagnie. Reste à les rendre compatibles avec des opérations au quotidien.
Ces deux vols ont été réalisés dans le cadre de plusieurs actions auxquelles Air France participe, notamment le SkyTeam Sustainable Flight Challenge, qui se déroule du 1er au 14 mai et vise à encourager les compagnies membres de l’alliance à opérer des vols les plus éco-responsables possibles et encourager ainsi l’innovation. Ils s’inscrivent également dans le nouveau programme Air France Act, lancé au mois d’avril, par lequel la compagnie s’engage à réduire ses émissions de CO2 de 30% par passager-kilomètre d’ici 2030 (par rapport à 2019).