S’il était un passage obligé cette année au salon Aircraft Interiors, c’était bien le stand d’Adient. Le producteur de sièges automobiles exposait pour la première fois, dans la perspective du lancement de sa coentreprise avec Boeing cet été. Le processus d’approbation avec les autorités étant toujours en cours, tout comme l’affinement des caractéristiques des sièges, il était impossible de voir les premiers prototypes à Hambourg. Cependant, le Journal de l’Aviation a pu rencontrer les équipes de l’équipementier.
Adient présentait en effet uniquement ses prototypes à de potentiels clients afin d’avoir leur retour. Deux versions différentes étaient exposées, des sièges transformables en lits plats destinés à la classe affaires d’avions long-courrier. Ce sera en effet le premier marché qu’Adient Aerospace va attaquer, même si son ambition est de proposer des produits dans toutes les classes, sur tous les types d’avions, pour tous les secteurs. Ses sièges seront proposés en linefit mais aussi en retrofit.
L’équipementier compte apporter à l’aéronautique son savoir-faire en tant que premier fabricant mondial de sièges automobiles – il fournit 25 millions de fauteuils par an, soit un tiers de ceux vendus dans le monde. Selon lui, plusieurs de ses savoir-faire sont transposables à l’industrie aéronautique, notamment le confort et l’excellence opérationnelle. A ce sujet, Adient compte beaucoup sur sa spécialité dans le JIT (Just in time), qui consiste à livrer ses sièges en temps et en heure, non seulement pas en retard mais pas trop en avance non plus pour que le client n’ait pas de stock à gérer. Il atteint une performance de 99% dans ce domaine. Dans le secteur aéronautique, la moyenne est de 65%, « il y a donc des choses à changer », nous confie-t-on.
Adient Aerospace espère également apporter des améliorations aux opérateurs, et notamment au personnel de cabine. Il compte proposer des sièges plus faciles à installer, à remettre en place en fin de vol, à nettoyer et à entretenir (en termes de maintenance).
Etant donné les volumes qu’il traite dans l’automobile, Adient ne voit pas de défi majeur à intégrer le secteur aéronautique en termes de capacité de production. Ses sièges seront initialement testés et produits à Kaiserslautern, près de Francfort. La future coentreprise prévoit également d’ouvrir un centre de services à Seattle.
L’évolution d’Adient vers le secteur aéronautique s’est faite naturellement, en lien avec les transformations en cours dans le secteur automobile et l’avancée vers les véhicules autonomes. Le groupe allemand pense en effet que les véhicules autonomes auront remplacés les voitures d’ici quinze à vingt ans et la problématique autour des sièges qui seront installés se rapproche donc de celle des sièges d’avion. Lors d’une présentation en marge du salon, Richard Chung, le vice-président responsable de l’innovation et du design chez Adient, s’est exprimé sur la future convergence des moyens de transport, les passagers étant de plus en plus désireux de vivre une expérience de voyage fluide de leur maison à leur destination. « Les tendances dans la mobilité automobile, notamment les nouvelles opportunités de configuration dans les véhicules autonomes, présentent des similarités intéressantes avec les sièges d’avion. » Dans cette vision, une harmonisation des services entre la voiture autonome et l’avion a donc du sens. « Nous sommes particulièrement intéressés par la façon dont les ‘smart seats’ interagissent avec les passagers pour atteindre un plus haut degré de confort, d’innovation et de fonctionnalités. »
© Adient