« C’était le dernier appel pour passer à une flotte unique », affirme Nat Pieper, SVP Flotte, finances et alliances d’Alaska Air. La compagnie l’a donc écouté. Les bouleversements entraînés par la pandémie dans le transport aérien ont en effet donné l’occasion à ses dirigeants de revoir leur stratégie et surtout d’accélérer leurs plans de rationalisation. La décision a été prise de retirer toute la flotte d’Airbus d’ici fin 2023, ainsi que tous les Q400 au même horizon pour le secteur régional, afin d’exploiter une flotte tout-Boeing sur son réseau principal et tout-Embraer sur son réseau régional.
Après la fusion avec Virgin America, Alaska Air a hérité de 73 appareils d’Airbus. Avec la crise sanitaire, les dix A319 et dix-huit de ses A320 ont quitté la flotte, sans projet de réintégration. Les 35 A320 et dix A321neo restants suivront le même chemin, ce qui était déjà planifié, mais d’ici la fin de l’année prochaine (ou avant si l’occasion se présente pour les A320), ce qui est plus tôt que prévu. La commande de Virgin America pour trente A320neo avait été annulée en novembre dernier, au profit des 737 MAX de Boeing.
Actuellement, Alaska Airlines exploite 183 Boeing 737 (737-700, -800, -900, -900ER et 737 MAX 9). Elle attend 76 737 MAX supplémentaires d’ici 2024 et en a commandé 145 au total (quinze 737-8, 70 737-9 et 60 737-10).
La flotte va ainsi grandement se transformer. Alaska Airlines anticipe une réduction de ses coûts de 75 millions de dollars grâce au passage à un seul type avion, qui porteront sur les pilotes, la maintenance et les formations. Elle va également la rendre plus performance en augmentant la proportion de monocouloirs de grande capacité (plus de 175 places), de 52% en 2019 à entre 70% et 75% en 2023, au détriment des appareils de taille moyenne (entre 150 et 165 places), qui passeront de 42% à entre 20% et 25%. En augmentant ses capacités par avion, elle augmente son chiffre d’affaires potentiel et réduit ses coûts au siège. Elle va également augmenter la proportion de sièges dits premium, qui devraient représenter 25% de son offre en 2023 (contre 7% en 2016).
Son plan stratégique global vise une croissance de son offre comprise entre 4% et 8% par an d’ici 2025, qui se concentrera sur le nord-ouest des Etats-Unis et sur ses marchés existants (avec 10% de nouvelles lignes). De plus de 300 appareils aujourd’hui, elle devrait passer à 400 en 2025.
Alaska Airlines prévoit aussi d’augmenter son offre de fret. Elle va prélever deux 737-800 de sa flotte passagers, qui seront convertis cette année pour intégrer la flotte d’Alaska Air Cargo en 2023. Elle doublera ainsi ses capacités puisque les 737-800 cargo ont une capacité supérieure de 40% à celle des 737-700 cargo (qui sont actuellement au nombre de trois).