Le coronavirus n’aura pas mis longtemps à faire sa première victime dans le transport aérien. Flybe a annoncé le 5 mars qu’elle suspendait tous ses vols et cessait ses activités au Royaume-Uni avec effet immédiat. Après des années de difficultés financières et deux sauvetages in extremis en un an, elle a finalement baissé les bras face au Brexit et à la baisse de la demande entraînée par l’épidémie, s’est déclarée en faillite et a fait appel au cabinet EY pour gérer le processus.
Flybe s’est longtemps débattue seule dans un environnement difficile, évoluant sur le marché intra-européen, très concurrentiel, et régional, en perte de vitesse. Après plusieurs plans de réduction de ses coûts, un recentrage de son réseau et une réduction importante de ses capacités en se focalisant sur les appareils les plus petits de sa flotte (Q400 et E175) aux dépens de l’Embraer 195, elle s’est résolue à mettre son activité en vente en novembre 2018. Elle estimait alors ne pas pouvoir s’en sortir seule.
Virgin Atlantic avait rapidement manifesté son intérêt. La compagnie britannique a constitué un consortium avec Stobart Group et le fonds Cyrus – Connect Airways – pour mener à bien le projet d’acquisition de Flybe pour un penny par action, projet approuvé par toutes les parties en mars 2019. Flybe était appelée à devenir Virgin Connect cette année.
Elle n’en aura pas le temps. Dès le mois de janvier, elle s’est de nouveau retrouvée au bord du gouffre, avec des actionnaires peu enclins à réinvestir. C’est le gouvernement britannique qui lui a donné un coup de pouce, souhaitant éviter une nouvelle faillite retentissante après celle de Thomas Cook et reconnaissant l’importance de la compagnie pour les dessertes intérieures. Cette aide a pris la forme de mesures fiscales, notamment le report de versements d’impôts et une révision de la taxe sur les passagers.
« Flybe avait montré des signes prometteurs de redressement […]. Toutefois, […] l’impact du Covid-19 sur les activités commerciales de Flybe signifie que le consortium ne peut plus s’engager à poursuivre son soutien financier », a indiqué le groupe Stobart. Il rappelle que Connect Airways a injecté plus de 135 millions de livres (156 millions d’euros) dans la compagnie, dont 25 millions de livres (29 millions d’euros) en janvier dernier.
Le groupe Stobart souligne également que sa prise de participation de 30% dans le consortium Connect Airways s’était faite par la vente de Stobart Air et de sa filiale de leasing Propius. Cependant, Stobart Air n’est pas une filiale à 100% de Connect Airways et peut poursuivre ses opérations – à l’exception de celles réalisées pour sa partenaire.
Flybe employait 2 400 personnes. Elle transportait environ huit millions de passagers par an vers 170 destinations grâce à sa flotte composée de 54 Q400 de Bombardier, neuf E175 et trois E195 d’Embraer.