Décidément, l’impact de la crise liée à la pandémie aura raison d’une grande partie des quadriréacteurs en service en Europe. Deux mois après une annonce similaire de Lufthansa, la compagnie espagnole Iberia a décidé à son tour d’anticiper le retrait de l’intégralité de sa flotte d’Airbus A340-600 restante (13 appareils), une mesure à effet immédiat et alors que l’appareil le plus capacitaire de la compagnie devait encore rester en service jusqu’à horizon 2022.
Luis Gallego, le président d’Iberia, avait averti, lors d’une audition au syndicat patronal CEOE en début de semaine, que la compagnie aérienne espagnole serait « plus petite en termes de flotte au cours des cinq prochaines années » en raison de la baisse de demande attendue, aussi bien sur le court/moyen-courrier que sur le long-courrier. La compagnie espagnole aligne aujourd’hui une flotte de 150 appareils, en prenant en compte ses filiales Iberia Express et Iberia Regional.
Le patron de la compagnie espagnole, qui remplacera Willie Walsh à la tête du groupe IAG le 24 septembre prochain, a également fait savoir qu’il avait plaidé pour une aide de l’UE pour contribuer au remplacement de ses appareils les plus polluants, alors que les compagnies aériennes font face à d’importantes difficultés financières qui seront un frein pour le renouvellement de leur flotte avec des appareils contribuant à une industrie du transport aérien plus durable.
En attendant, Iberia a décidé de repousser certaines livraisons d’A350-900 livrables à partir de l’année prochaine (9 exemplaires déjà en flotte sur les 20 commandés) ainsi que certains monocouloirs A320/A321neo (6 attendus cette année sur les 23 en commandes). La compagnie envisage également de réduire progressivement sa flotte d’A319 et A320 en leasing d’une vingtaine d’appareils, alors que 29 baux arrivent à échéance entre 2020 et 2022.
L’absorption d’Air Europa de plus en plus compromise ?
Mais les difficultés financières d’Iberia remettent évidemment en péril le rachat d’Air Europa par le groupe IAG, la compagnie aérienne du groupe Globalia connaissant aussi une crise profonde, devant par exemple payer plus d’un million d’euros par mois pour financer chacun de ses 16 Boeing 787 lors que les appareils long-courriers ne volent évidemment plus.
L’opération de rachat devait être réalisée au second semestre pour un montant proche du milliard d’euros, mais ce montant avait été négocié l’année dernière, alors qu’Air Europa pouvait se baser sur un bilan 2018 de bonne tenue, avec un chiffre d’affaires de 2,1 milliards d’euros pour un bénéfice opérationnel de 100 millions d’euros.
À cela s’ajoute la pression des salariés du groupe IAG, alors que 12 000 suppressions d’emploi ont été décidées chez British Airways (un quart de ses effectifs) et que des mesures devant permettre d’adapter les effectifs aux nouvelles capacités d’Iberia seront aussi bientôt d’actualité en Espagne.
Luis Gallego a plusieurs fois confirmé son intérêt pour Air Europa durant la crise liée à la pandémie même s’il a également annoncé que le prix d’achat serait logiquement revu à la baisse. Avec les difficultés de Level qui viennent désormais s’ajouter, Iberia semble désormais miser sur un refus de la Commission européenne pour mettre un terme au processus de rachat. Selon la presse espagnole, le véto de l’UE lui permettrait d’économiser 40 millions des frais de pénalité négociés dans les clauses du contrat d’achat.