Jet Airways n’arrive pas à s’éloigner du gouffre au bord duquel elle se trouve depuis plusieurs mois. Ecrasée par une dette de plus d’un milliard de dollars, elle pourrait pourtant être sauvée par ses créanciers. Son conseil d’administration a approuvé la semaine dernière le plan de redressement provisoire dirigé par la banque (BLPRP) élaboré par la State Bank of India, qui propose une restructuration et la conversion de la dette en actions.
Ce plan doit encore être approuvé par les créanciers, les banquiers, Etihad et son fondateur Naresh Goyal ; la décision est attendue pour le 21 février. Il prévoit un redressement financier par des injections de capital, une restructuration de la dette et la révision des contrats avions (vente, sale and lease back, refinancement). L’une des mesures majeures consisterait en la conversion des dettes en actions, ce qui permettrait aux créanciers de prendre les rênes de la compagnie en devenant actionnaires majoritaires et d’entrer au conseil d’administration. Ce faisant, les parts de Naresh Goyal (51% aujourd’hui) et d’Etihad (24%) seraient diluées.
Le plan intervient alors que Jet Airways a publié ses résultats pour le troisième trimestre de l’exercice 2019 (octobre-décembre 2018). Malgré un chiffre d’affaires stable et une amélioration de la recette au siège, le résultat opérationnel s’est effondré et la compagnie a enregistré une perte de 102,6 millions de dollars (quand elle était bénéficiaire de 26 millions de dollars en 2017). Elle met en cause l’augmentation des prix du carburant (+29%) ainsi que la dépréciation de la roupie par rapport au dollar, qui ne lui a pas permis d’atteindre ses objectifs de réduction des coûts hors carburant.
Pourtant, elle poursuit ses efforts de redressement et continue à travailler à l’optimisation de son réseau, notamment en fermant ses routes déficitaires et en redéployant ses capacités sur celles qui fonctionnent le mieux. Elle a également développé ses services annexes afin d’augmenter ses recettes auxiliaires et se battre à armes plus égales avec les compagnies low-cost sur un marché en pleine croissance mais très sensible au prix.
Malgré tout, sa situation financière est telle qu’elle est obligée de clouer des avions au sol. Quatre sont actuellement immobilisés en raison du retard dans le paiement des traites aux lessors. Trois autres ont été rendus à l’expiration de leur bail. Perdant des capacités, la compagnie perd également du terrain et ses parts de marché ne cessent de s’éroder, même si elle reste la deuxième compagnie domestique après IndiGo.