Une procédure d’insolvabilité n’est jamais un long fleuve tranquille. Mais celle de Niki est plutôt mouvementée. Après que Lufthansa a renoncé à reprendre les actifs de la compagnie autrichienne en raison des réticences de la Commission européenne, Niki a dû engager cette procédure d’insolvabilité et suspendre tous ses vols mi-décembre. Ce qu’elle a fait devant un tribunal allemand, en tant que filiale d’Air Berlin. Mais l’association de défense des droits des consommateurs Fairplane a relevé au début du mois de janvier que ce tribunal n’était pas compétent dans l’affaire, Niki étant une entreprise autrichienne avec la majorité de ses employés et de ses intérêts en Autriche. Le tribunal berlinois ayant reconnu la pertinence de la remarque, la compagnie a annoncé l’ouverture d’une procédure secondaire en Autriche le 11 janvier auprès du tribunal régional de Korneuburg, qui a repris la main dans la procédure le 12 janvier en devenant l’administrateur principal du dossier.
Ce transfert de compétence ne devrait pas remettre en cause de rachat des actifs de Niki par le groupe IAG. Celui-ci avait formulé une offre le 29 décembre pour une quinzaine d’A320 et ses slots, proposant 20 millions d’euros pour l’acquisition et une injection de liquidités de 16,5 millions d’euros. Selon le plan du groupe mené par British Airways et Iberia, la transaction, si elle est approuvée, sera conduite par une nouvelle filiale de Vueling enregistrée en Autriche, avec des opérations indépendantes de celles de la low-cost espagnole.
Selon Fairplane, la séparation des procédures d’insolvabilité d’Air Berlin et de Niki devrait également permettre d’éviter un conflit d’intérêts. L’association souligne que l’un des plus importants débiteurs de Niki est Air Berlin. La compagnie autrichienne était en effet rentable au moment où Lufthansa l’a exclue du contrat d’acquisition des actifs d’Air Berlin en décembre, lui coupant l’accès à des crédits-bails. Ce qu’avait aussi souligné Willie Walsh, le président d’IAG, en décembre : « Niki était la partie la plus viable d’Air Berlin financièrement. »
Par ailleurs, le ministre autrichien a prolongé de trois mois la validité de la licence d’exploitation de Niki, garantissant le maintien des slots jusqu’en mars. En parallèle, le CEO Oliver Lakmann a annoncé qu’il quitterait ses fonctions fin février.
Le tribunal de Korneuburg souligne enfin que près de 200 créanciers sont concernés par la faillite de Niki, pour un montant de 153 millions d’euros.