Ryanair est prêt à jeter ses forces dans Laudamotion. Détenant une participation de 24,9% dans la compagnie autrichienne depuis le mois de mars, la low-cost irlandaise attend le feu vert des autorités européennes pour monter à 75% – pour juillet. Elle vient également de s’assurer une option lui permettant de racheter l’intégralité de la compagnie d’ici quatre ans. Ce faisant, elle s’est ouvert une belle porte d’entrée sur l’aéroport de Vienne, où la croissance est très prometteuse, pour combler le vide laissé par les faillites d’Air Berlin puis de Niki tout d’abord puis pour capter le dynamisme de l’Europe de l’est.
Ryanair se montre étonnamment généreuse avec Laudamotion. Elle y a investi 100 millions d’euros et est prête à lui octroyer rapidement une rallonge de 20 millions d’euros si la hausse des prix du carburant la rend nécessaire. Et quand Niki Lauda, lors du lancement, avait visé la rentabilité dès sa deuxième année d’opérations, Ryanair lui laisse quelques mois supplémentaires, voulant tout miser sur la croissance de la compagnie jusqu’en 2020 et s’attacher à optimiser la rentabilité par la suite.
Mais la low-cost irlandaise n’est pas désintéressée. Laudamotion lui donne un moyen d’occuper rapidement le terrain à Vienne, alors que l’aéroport est promis à une belle croissance dans les prochaines années. La disparition d’Air Berlin puis de Niki a laissé un vide que les autres low-cost européennes se sont empressées d’aller combler. Ainsi, Wizz Air a débuté ses opérations fin avril et prévoit d’y ouvrir une base en octobre, afin de desservir à terme trente destinations dans vingt-deux pays depuis la capitale autrichienne en 2019, avec cinq A320, et devenir la deuxième compagnie de l’aéroport. De même, le groupe IAG ne semble pas avoir renoncé à lancer Vueling Austria – un projet révélé lorsque la reprise de Niki semblait acquise au groupe. Quant à Eurowings et easyJet, elles sont déjà implantées (Eurowings avec une base).
Basée à Bratislava, Ryanair voulait elle aussi une part du gâteau viennois. C’est désormais chose faite. Avec l’expiration des contrats de wet lease de Laudamotion avec Eurowings à la fin du mois de mai, Laudamotion récupère ses appareils et lance ses opérations depuis Vienne. Quatre avions y seront basés cet été et desserviront des destinations méditerranéennes. A partir d’octobre, elles prendront une tout autre dimension. Ryanair et Laudamotion ont en effet annoncé un programme de vols très ambitieux avec un doublement de la base (à huit appareils) et une réorientation des opérations vers les grandes destinations européennes. Par exemple, un service de navette va être lancé entre Vienne et Dublin – qui ne sera que progressivement étendu à d’autres capitales au fur et à mesure que la flotte s’étoffera.
La low-cost irlandaise, via Laudamotion, entre donc dans la bataille pour l’aéroport de Vienne. Après la faillite d’Air Berlin et de Niki, qui détenaient une part de marché de 15%, la plateforme a mis en place des mesures incitatives (baisses de charges sous certaines conditions) pour attirer les compagnies. Le succès est au rendez-vous puisque la plateforme a enregistré une croissance de 35,3% de son bénéfice au premier trimestre et une hausse de 6,6% du nombre de ses passagers. Indépendamment de cet effet, Vienne est un hub incontournable pour les voyageurs de la région qui doivent prendre un vol long-courrier.