La consolidation sur le marché des avionneurs régionaux et la scope clause américaine profitent à Mitsubishi Aircraft Corporation. L’avionneur japonais a annoncé le 5 septembre, dans le cadre de l’assemblée générale annuelle de l’association américaine des compagnies régionales, qu’il avait signé un protocole d’accord avec Mesa Air. La compagnie envisage d’acquérir une centaine de SpaceJet M100, avec un accord initial qui porterait sur cinquante appareils en commande ferme et cinquante options. Les livraisons devraient alors débuter en 2024.
Si l’accord est finalisé, il marquera l’entrée du M100 au service des grandes compagnies américaines. Mesa Air effectue en effet des vols régionaux pour le compte d’American Airlines et de United Airlines, aujourd’hui en CRJ700/900 et Embraer 175. Sa flotte compte 145 appareils.
C’est le premier engagement de cette importance pour le nouvel appareil, présenté en juin à l’occasion du Bourget – le salon avait tout de même vu la signature d’une lettre d’intention pour quinze exemplaires de l’appareil de la part d’un client américain resté anonyme. MITAC espère en placer bien plus et compte pour cela sur son positionnement idéal sur le marché des jets régionaux et sa stratégie de communication, qu’il a résolument orientée vers le continent américain (allant jusqu’à y réaliser la majeure partie des essais et y ouvrir un siège).
L’avionneur est en effet optimiste et ses prévisions sur vingt ans tablent sur un besoin de 5 137 appareils de 50 à 150 sièges. Sur le marché mondial, ses M90 (ex-MRJ90) et M100 se trouvent en concurrence avec Embraer (dont les programmes Aviation commerciale sont en voie d’intégrer les activités de Boeing) et les trois modèles de son programme E2.
Mais le marché des Etats-Unis représente à lui seul 39% de ces besoins. Et là, le M100 est le seul appareil régional de nouvelle génération respectant la scope clause, qui limite la masse maximale au décollage et la capacité des appareils régionaux – à 39 tonnes et 76 passagers. Tant qu’elle n’est pas révisée, l’avionneur japonais est le seul à pouvoir proposer un appareil de remplacement pour la flotte actuellement en service. L’E175-E2 d’Embraer est en effet trop lourd, ce qui a poussé l’avionneur à reporter son entrée en service à 2021 (il doit voler cette année) et à continuer d’engranger des commandes pour la version E1.
Le M100 a été développé à partir de ce qui devait être le MRJ70 mais l’a allongé et a retiré des capacités en termes de cargo. Si Mitsubishi l’a conçu avec le marché américain en ligne de mire, il ne s’y limite pas. Sa masse maximale au décollage peut être portée à 42 tonnes et sa capacité à 84 passagers en configuration monoclasse standard, voire 88 en haute densité. La décision de MITAC de concevoir un nouvel appareil à la place du MRJ70 a repoussé son entrée en service à 2024.
A noter que le M90 a été reçu des engagements pour 213 exemplaires, dont 160 de la part de compagnies américaines (cent de SkyWest, cinquante de Trans States Holdings et dix d’AeroLease). Ils ne pourront être honorés que si la scope clause change ou si les appareils sont convertis en M100.