L’année 2024 sera bien une date clef dans l’histoire du trafic aérien mondial. Dans sa plus récente analyse sur l’impact de la pandémie de covid sur l’aviation, l’ACI World confirme qu’elle sera l’année où le trafic retrouvera son niveau de 2019, avec un nombre de passagers estimé à 9,4 milliards, face aux 9,2 milliards de 2019.
Bien que le secteur ait constamment vu son trafic progresser en 2023, année marquée par la réouverture du marché chinois et un été exceptionnel, il ne devrait avoir transporté « que » 8,6 milliards de passagers au 31 décembre. Cela marque un retour à une moyenne annuelle de trafic à 94 % de son niveau pré-covid. L’IATA estimait toutefois de son côté il y a quelques semaines que ce millésime devrait être porteur d’une bonne nouvelle : le retour aux bénéfices de l’industrie du transport aérien.
La performance visée en 2024 devrait apporter un nouveau soulagement à l’industrie. Mais l’ACI World souligne que, si elle atteint bien les 9,4 milliards de passagers, elle restera bien au-dessous du niveau qu’elle aurait pu atteindre sans la crise. Les dernières prévisions de 2019 tablaient sur un trafic de 10,9 milliards de passagers, ce qui représente une perte potentielle de 14 % de passagers. D’autant que la reprise est ralentie par les difficultés de la chaîne d’approvisionnement qui entravent la remontée en cadences des avionneurs et les livraisons d’appareils neufs (et qui devraient continuer de se faire sentir en 2024) et la persistance de l’inflation, bien que moins forte qu’à la fin de 2022.
L’organisme constate tout de même que l’écart entre le trafic constaté et celui estimé si aucune perturbation n’était intervenue se réduit régulièrement trimestre après trimestre.
L’Amérique latine sera la première région à dépasser son niveau d’avant crise, et ce dès cette année (à près de 103 % de ce niveau), notamment grâce au dynamisme des marchés mexicain et colombien. L’Amérique du Nord a elle aussi quasiment retrouvé son niveau de trafic de 2019 (99,8 %). Après une reprise forte et rapide en 2021 et 2022 grâce à la solidité de son réseau intérieur, le rythme de celle-ci ralentit désormais.
La seule région qui sera toujours au-dessous de son niveau de 2019 en 2024 sera la région Asie Pacifique, qui a été la dernière à lever les restrictions de voyage. Après un très fort rebond au premier semestre 2023, au moment de la réouverture du marché chinois, le second semestre devrait témoigner d’un frein, notamment provoqué par des préoccupations liées aux économies de la région. Ainsi, l’Asie effleurera son niveau de 2019 en 2024 (99,5 %). L’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique le dépasseront tous en revanche, l’Afrique ne devant en particulier pas marquer de ralentissement grâce au dynamisme des marchés égyptien, marocain et tunisien.