L’Inde a décidé de lever certaines des barrières qui empêchent son aviation civile de se développer comme elle le devrait. Le ministère de l’Aviation Civile a présenté sa nouvelle politique le 15 juin qui vise notamment à stimuler le transport aérien domestique et à le démocratiser, ainsi qu’à favoriser l’essor des compagnies vers l’extérieur du pays.
L’une des mesures majeures est la levée partielle de la règle des 5/20, qui impose aux transporteurs indiens d’exister depuis cinq ans et d’exploiter au moins vingt appareils pour lancer des vols internationaux. La barrière des cinq ans d’opérations est désormais tombée, permettant à Air Vistara et AirAsia India d’envisager une croissance plus rapide de leur flotte pour pouvoir franchir les frontières indiennes.
Par ailleurs, le gouvernement a décidé de libéraliser le régime des accords bilatéraux. Il envisage même des accords de ciel ouvert avec les autres pays membres de l’ASACR (l’Afghanistan, le Bangladesh, le Bhoutan, le Népal, les Maldives, le Pakistan et le Sri Lanka) ainsi qu’avec les pays situés en totalité dans un rayon de 5 000 km autour de New Delhi.
Il prévoit également de travailler de façon intensive à l’amélioration de la sécurité des opérations, promettant une tolérance zéro à tout contrevenant et un renforcement des moyens des autorités de supervision et du bureau d’enquête AAIIB.
Forte implication pour le développement du transport aérien domestique
Un soutien très important a également été promis au niveau domestique, avec le Regional Connectivity Scheme. Le ministère de l’Aviation Civile est en effet parti du constat que bien que l’Inde ait une position stratégique, un marché exceptionnel et en croissance qui lui permettrait de figurer parmi les trois plus importants marchés du transport aérien mondial, elle ne se trouve qu’en dixième position en termes de nombre de passagers.
Afin de démocratiser l’avion, le gouvernement prévoit donc de fixer un tarif maximal de 2 500 roupies (33 euros) par heure de vol sur les routes domestiques. Les compagnies seront soutenues par des mesures financières pour étoffer leur réseau, comme des baisses de redevances. Air India a déjà commencé à étoffer son réseau court-courrier et envisage d’acquérir une trentaine de nouveaux ATR.
En termes d’infrastructures, le développement des aéroports sera encouragé par le versement de subventions de la part des Etats, voire le recours à des partenariats public/privé. Tous les types de plateformes seront concernés, low-cost ou non. Actuellement, seuls 75 des 450 aéroports ou aérodromes indiens accueillent des opérations régulières. En cas de besoin, le gouvernement est prêt à mettre à disposition des terrains gratuitement et dégagés pour développer les infrastructures, qu’il s’agisse des aéroports eux-mêmes ou des infrastructures de connectivité au sol. Ce soutien est toutefois conditionné à l’engagement des Etats de réduire à 1% ou moins la TVA sur le carburant – l’Inde étant l’un des pays où il est le plus cher au monde – durant dix ans.
Pour le moment, la viabilité de ces développements reste une préoccupation secondaire, la principale étant de redonner vie au transport aérien. Le déficit de rentabilité des projets sera donc pris en charge à 80% par le ministère de l’Aviation civile et à 20% par les Etats – la répartition étant de 90/10 pour les territoires du nord-est qui ont cruellement besoin d’être désenclavés.