« La pandémie est un pépin », selon Tim Clark. Un pépin « particulièrement sévère » mais dont l’industrie du transport aérien devrait se remettre, estime le président d’Emirates. En attendant que la demande pour les voyages revienne, le groupe s’attache à capturer l’attractivité de l’activité cargo et n’oublie pas d’entretenir son image de marque.
Actuellement, l’essentiel des recettes engrangées par les compagnies aériennes concerne en effet l’activité cargo, et Emirates ne fait pas exception. Tim Clark explique que les destinations qui ont été rouvertes (environ 80) ont d’abord été choisies en fonction de la demande pour le transport de fret. « Le chiffre d’affaires que nous faisons dans le cargo est important. Non seulement il nous permet de couvrir les coûts opérationnels mais il nous permet de faire des bénéfices. Cela réduit beaucoup la crise de trésorerie à laquelle fait face l’ensemble de notre activité. »
Face à la pénurie de capacité liée à la disparition de l’offre en soute, la compagnie a aménagé ses appareils – notamment les 777 – pour permettre le transport de marchandises en cabine. Une partie reste réservée aux passagers désireux de voyager malgré les restrictions imposées dans les différentes régions du monde.
A ce sujet, Tim Clark se montre assez peu optimiste. Il craint que la réponse des gouvernements à la pandémie reste désordonnée et irréaliste, voire que la situation se dégrade à court terme. « Je pense que les gouvernements vont continuer à agir individuellement. Je pense même que cela va empirer avec la reprise de la pandémie et l’arrivée de l’hiver dans l’hémisphère nord. » Depuis cette déclaration, le couvre-feu est entré en vigueur en France, tandis que l’Irlande et le Pays de Galles ont annoncé leur reconfinement.
Pour autant, le PDG d’Emirates se montre optimiste pour l’avenir. « Les mémoires sont courtes, la demande est forte », selon lui. « La pandémie est une perturbation. Je pense qu’il y aura un rebond qui sera mené par la demande. Et je pense que la demande reviendra plutôt tôt que tard. » Il estime que la demande sera très solide, notamment parce que la population a brutalement été privée de voyage pendant dix mois et que cela devrait encore continuer pour six à neuf mois.
« Est-ce que l’industrie sera suffisamment en forme pour saisir ce rebond, c’est une autre question », souligne-t-il. Le travail va en effet être grand pour les compagnies aériennes pour remettre leurs appareils en service, reconstruire leurs réseaux et se débarrasser de la dette colossale que nombre d’entre elles ont contracté ces derniers mois. Mais selon Tim Clark, l’essentiel pour les compagnies est de continuer à croire qu’elles seront toujours en activité après la crise, quels que soient les moyens utilisés pour cela.
« Je ne crois pas à ce que certains appellent la nouvelle norme », affirme-t-il. Avec le retour des voyageurs viendra le retour des habitudes et c’est la raison pour laquelle elles doivent continuer à communiquer : pour rester dans l’esprit des futurs passagers et pour entretenir le souvenir du service dont ils bénéficiaient. Surtout, « il faut continuer à faire ce que l’on faisait avant la crise. » Et c’est la raison pour laquelle elle vient d’annoncer la réouverture de son bar et de son espace douche à bord de l’A380 – avec la mise en place de règles renforcées pour respecter les mesures sanitaires. Elle va également de nouveau proposer son service de restauration à bord à partir du 1er novembre.