D’ici la fin de l’année, le segment spatial de Galileo sera à même d’offrir une couverture mondiale. La mise sur orbite réussie des satellites 23 à 26 par une Ariane 5 ES (vol VA244, la 99e mission d’Ariane 5), le 25 juillet, va permettre au système de navigation européen de couvrir la quasi-intégralité du globe. Il reste néanmoins encore du travail avant que la constellation soit complète, puis pour préparer la nouvelle génération de satellites.
Au cours des six prochains mois, les quatre satellites vont être positionnés sur leur orbite de travail au prix de nombreuses manoeuvres. Le CNES, qui est à la baguette pour mener cette opération, indique ainsi que 31 opérations avaient été nécessaires pour placer les quatre satellites précédents, après leur lancement en décembre.
Une fois cette étape terminée, les satellites 23 à 26 passeront sous la responsabilité de l’Agence européenne du système global de navigation par satellite (GSA) et seront alors opérationnels. Le segment spatial de Galileo comptera alors 26 satellites : quatre dits de « validation en orbite » (IOV), construits par Airbus et lancés en 2011 et 2012 pour le développement du système, et 22 dits de « pleine capacité opérationnelle » (FOC) fabriqués par OHB et déployés à partir de 2014. Ils couvriront plus de 96 % du globe.
Les satellites lancés mercredi étaient d’ailleurs les quatre derniers FOC commandés à OHB au titre du deuxième appel d’offres passé par la Commission européenne. La société allemande avait en effet remporté un premier lot de 14 satellites en 2010, puis un deuxième pour huit supplémentaires en 2012.
Douze nouveaux satellites en préparation
Un troisième lot de 12 satellites FOC a d’ores et déjà été commandé à OHB l’an dernier, avec un appel d’offres en juin (8) puis la levée de deux options en octobre (4). La Commission européenne dispose encore d’une option pour deux satellites supplémentaires.
Les deux premiers exemplaires seront lancés en 2020 sur Ariane 62, les deux suivants en 2021. Leur mise sur orbite marquera le passage à la pleine capacité opérationnelle du segment spatial, avec 24 satellites en service et six en rechange. Avec l’aide du segment sol, Galileo sera alors capable d’offrir une précision de l’ordre de 30 cm, supérieure à celle du GPS américain.
Les quatre suivants serviront notamment au remplacement des quatre satellites IOV au-delà de 2022. A capacités égales mais moins performants, ces derniers compteront alors dix ans de service. Les quatre derniers devraient être conservés au sol, afin d’être lancés en cas de perte de l’un des satellites en orbite.
Les prochains satellites Galileo seront lancés sur Ariane 62 en 2020. © ESA / P. Ducros
Transition vers la deuxième génération
Dès 2019, la Commission européenne et l’ESA passeront une nouvelle commande de satellites, qui devrait être exécutée en deux phases. Un appel d’offres a déjà été émis en mai à cet effet. Ce quatrième lot comprendra deux contrats de base de deux satellites – chacun assorti de deux options pour deux satellites supplémentaires à chaque fois – qui seront confiés à deux industriels différents. Avec les contrats de base et les options, cela représente donc un marché potentiel total de douze satellites, six par industriel.
Ce quatrième lot est qualifié de « lot de transition » dans l’appel d’offres. Il doit permettre la mise en service de satellite aux alentours de 2025-2026 afin d’assurer la continuité du service au-delà de cette date, mais aussi « initier la transition technologique vers la deuxième génération de satellites Galileo ».
La double source enfin de rigeur
Cet appel d’offres marque en revanche une rupture sur le plan contractuel. C’est la première fois que le principe de la double source est retenu. Jusqu’ici, la Commission européenne et l’ESA avaient opté pour une source unique. Airbus (à l’époque EADS Astrium) avait gagné le premier appel d’offres en 2005 pour les quatre IOV. OHB avait remporté les trois suivants pour les FOC – dont le dernier aux dépens d’Airbus Defense & Space et de Thales Alenia Space.
En 2010, les contractants avaient désigné la société allemande à la surprise générale du fait de sa taille modeste d’alors. Ils avaient persévéré en 2012 et 2017, malgré les difficultés d’OHB pour industrialiser le programme. Peut-être entendent-ils aujourd’hui être plus prudents, ou alors d’assurer la préservation des compétences en matière de satellites de navigation chez plusieurs industriels.
Capacités en hausse
En attendant, l’accroissement actuel de la couverture va de pair avec une montée en puissance des capacités de Galileo. Après le lancement des « services initiaux » en décembre 2016 – à savoir le service ouvert (OS), le service de recherche et sauvetage (SAR) et le service public réglementé (PRS) – le système est passé dans une phase de « services améliorés » cette année.
L’objectif sera de gagner en précision dans la mesure des distances et des temps. Ce sont les deux préalables nécessaires pour arriver à un positionnement d’une précision submétrique. C’est la dernière marche avant le passage à la pleine capacité opérationnelle en 2020.
Cette étape sera aussi marquée par l’intensification de l’activité SAR, au sein du segment Orbite terrestre moyenne (MEOSAR) du programme international Cospas-Sarsat. Actuellement au stade de la capacité opérationnelle initiale (IOC), ce dernier doit passer à la pleine capacité l’an prochain. Outre sa précision, Galileo permettra, dès la fin de cette année, de notifier à l’expéditeur de l’appel d’urgence qu’il a été localisé et que les secours sont déclenchés.
Seul le service commercial (CS) reste encore à mettre en place. Selon le texte de la Commission européenne qui a autorisé son lancement, « il doit permettre le développement d’applications à des fins professionnelles ou commerciales grâce à des performances accrues et à des données d’une valeur ajoutée supérieure à celles procurées par le service ouvert ». Galileo proposera alors l’ensemble des services pour lequel il a été conçu.