Lockheed Martin s’est félicité, le 28 août, des avancées réalisées pendant l’été sur les capsules Orion pour les Exploration Mission-1 et 2 (EM-1/2). L’industriel va néanmoins devoir attendre encore plus d’un an avant de voir le premier de ses vaisseaux partir se placer en orbite autour de la Lune.
L’industriel américain a annoncé qu’il avait terminé la soudure du corps pressurisé de l’EM-2 au centre d’assemblage de la NASA à Michoud, en Louisiane, après sept mois de travail. Celui-ci est composé de « sept grandes pièces d’alliage d’aluminium usinées qui sont soudées ensemble pour produire une capsule solide, mais légère et étanche à l’air », selon Lockheed Martin. Il constitue ainsi la structure du module d’équipage de l’EM-2. Cet ensemble est surmonté d’un tunnel qui intégrera le système d’écoutille et d’amarrage d’Orion.
Ce corps pressurisé se trouve désormais au Kennedy Space Center, en Floride, où il a été réceptionné le 24 août. Il est installé dans le bâtiment d’opérations et de vérification Neil Armstong, où les équipes de Lockheed Martin vont s’atteler à son intégration et son assemblage final pour constituer le module d’équipage de l’EM-2.
Le corps pressurisé d’Orion EM-2 après sa construction à Michoud. © NASA
L’EM-1 avance aussi
Mike Hawes, vice-président de Lockheed Martin et directeur général du programme Orion, a profité de l’occasion pour évoquer les progrès faits sur l’EM-1 : « C’est formidable de voir arriver la capsule EM-2 au moment où nous terminons l’assemblage final du module d’équipage EM-1 ». Celui-ci était arrivé en février 2016 au Kennedy Space Center.
Grâce à l’expérience accumulée et la simplification de sa conception, l’EM-2 devrait être assemblé plus vite que l’EM-1. Le vaisseau se veut d’ailleurs 30 % plus léger, avec 80 % de pièces en moins, que son prédécesseur. La NASA et Lockheed Martin devraient néanmoins se montrer particulièrement vigilants car l’EM-2 sera le premier à recevoir un équipage et à l’emmener en orbite autour de la Lune, ce qui n’a plus été fait depuis Apollo 17, il y a 46 ans.
Retards multiples
Ces progrès ne doivent pas cacher les retards pris par le programme. Le lancement de l’EM-1 – attendu un temps en 2018, puis en 2019 – est désormais officiellement repoussé à mi-2020. De même, l’EM-2 a vu son calendrier glisser de 2021 à 2023.
Ces retards ne sont pas uniquement imputables au programme Orion : l’ESA a aussi connu des retards avec le module de service européen (ESM), assemblé par Airbus Defence & Space, qui fournira la propulsion, l’alimentation et la régulation thermique de la capsule au cours de ses pérégrinations vers l’espace lointain. L’ESM FM-1 (Modèle de vol 1) est toujours en test chez Airbus Defence & Space à Brême, avec des essais d’orientation de la tuyère principale mi-juillet, mais ne devrait plus tarder à être livré à la NASA. Le FM-2 a lui débuté son assemblage fin avril.
Le lanceur lourd Space Launch System (SLS) Block a aussi connu des retards, notamment dus à des problèmes de soudure lors de la construction de l’étage central par Boeing à Michoud. Et le passage d’une tornade sur le centre louisianais début 2017 n’a pas arrangé les choses. Celui-ci est désormais en cours d’assemblage, toujours à Michoud. SLS doit devenir le lanceur le plus puissant en service et sera positionné sur le pas de tir LC-39B, au sein du complexe de lancement 39 qui a accueilli les lancements du programme Apollo et de la Navette spatiale.
L’administrateur de la NASA Jim Bridenstine devant le réservoir d’hydrogène liquide de l’étage central du premier lanceur SLS, en août 2018. © NASA / J. Guidry
Concurrence privée
Ces différents contretemps laissent le champ libre à SpaceX pour couper l’herbe sous le pied d’Orion, dans une course à la Lune 100 % américaine. La firme d’Elon Musk, qui avait annoncé l’an dernier son intention d’envoyer des touristes spatiaux en orbite lunaire dès fin 2018, a tout de même encore du chemin à faire.
La capsule Crew Dragon (Dragon Version 2) n’a pas encore été testée en vol. Un vol sans équipage est prévu en novembre et la première mission habitée est attendue en avril 2019. Les deux capsules partiront à bord de Falcon 9 Block 5, mais le choix du lanceur pour viser l’orbite lunaire reste à déterminer entre le Falcon Heavy ou le Big Falcon Rocket (BFR, aussi connu sous le nom de « Big Fucking Rocket »). Il est donc peu probable d’assister à un lancement avant mi-2019, voire au-delà.