Depuis le passage de la « Maturity Gate 6.2 » en décembre 2017, les équipes d’ArianeGroup ont lancé le processus industriel qui doit les amener jusqu’au premier lancement d’une Ariane 6 mi-2020. Parmi les nombreux développements à réaliser d’ici là, les moteurs des différents étages – Vinci, Vulcain 2.1 et P120C – occupent une place de choix. Le maître d’oeuvre du futur lanceur a donc salué les avancées réalisées en ce domaine au cours de l’été.
Allumage en série pour le Vinci
Développé directement par ArianeGroup, le moteur Vinci a achevé fin juillet sa dernière campagne d’essais de développement et de qualification en condition de vide spatial. Elle s’est déroulée, comme les précédentes, avec le concours du DLR sur le banc P4.1 de son site de Lampoldshausen. Elle a notamment permis de tester la capacité de rallumage du moteur dans ces conditions particulières. Celui-ci a pu être rallumé quatre fois de suite sur une durée de 360 secondes.
Cette capacité de rallumage est l’une des principales spécificités. Elle doit permettre à l’étage supérieur d’Ariane, qu’il équipera, de placer successivement plusieurs satellites en orbite sur différentes positions.
Le moteur va revenir courant octobre sur le site de Vernon, dans l’Eure, pour y achever sa qualification. Cela conclura plus de deux ans d’essais spécifiques pour le programme Ariane 6. En effet, le moteur Vinci a été initialement développé tout au long des années 2000 pour équiper l’Étage Supérieur Cryogénique de type B (ECS-B) d’Ariane 5, finalement abandonné, avant d’être sélectionné pour Ariane 6 en 2014.
ArianeGroup continue aussi la mise au point du premier exemplaire bon de vol. Cette étape a débuté en juillet 2017 avec la mise en production d’une première chambre de combustion à Ottobrunn, en Allemagne. Ce moteur doit être intégré à l’étage supérieur de la première Ariane 6 de vol à Brême, toujours en Allemagne.
Premier essai à feu du Vulcain 2.1 en janvier 2018. © DLR
Le Vulcain achève sa première campagne
En parallèle, ArianeGroup poursuit le développement du moteur Vulcain 2.1 – évolution du moteur Vulcain 2 d’Ariane 5 ECA – qui équipera l’étage principal d’Ariane 6. Entamée en janvier dernier, la première campagne d’essais de développement s’est achevée début août sur le banc P5 du DLR à Lampoldshausen. L’industriel a annoncé que le moteur M1 utilisé a cumulé 6 315 secondes de fonctionnement.
Les essais vont se poursuivre dans les prochains mois. Le M1 va être reconfiguré pour une nouvelle campagne, cette fois sur le banc PF50 à Vernon. Un deuxième moteur (M2) le remplacera à Lampoldshausen cet automne. Ils seront en charge des essais de qualification. L’objectif est de pouvoir livrer un premier moteur bon de vol l’an prochain sur le site des Mureaux pour son intégration sur l’étage principal d’Ariane 6.
Le P120C ouvre le feu
Enfin, Europropulsion (coentreprise entre Avio et ArianeGroup) a réalisé le premier essai à feu du moteur P120C mi-juillet, sur le Banc d’essai des accélérateurs à poudre (BEAP) du Centre spatial guyanais (CSG) de Kourou.
Cette campagne va servir à mettre au point un moteur de qualification (QM1) pour Vega-C avec un essai à feu d’ici la fin de cette année, puis un moteur de série en vue du vol inaugural du lanceur fin 2019. Un second moteur de qualification (QM2) sera construit pour Ariane 6. Il sera mis à feu mi-2019, pour un premier décollage du lanceur prévu mi-2020.
Le P120C est un moteur commun à Ariane 6 et Vega-C. Monté par deux (Ariane 62) ou par quatre (Ariane 64), il servira d’accélérateur au lanceur lourd européen. Sur le Vega-C, plus léger, il sera utilisé seul pour équiper l’étage principal.
Premier essai à feu du P120C en juillet à Kourou. © ESA