Le « shutdown » ne sera bientôt qu’un mauvais souvenir pour la NASA. Alors qu’il y a quelques semaines encore elle était paralysée, avec 16 700 employés mis au chômage technique, soit 96% de ses effectifs, l’agence spatiale américaine respire de nouveau avec le vote de son budget pour l’année fiscale 2019. Le texte a été adopté par le Congrès américain, avant d’être ratifié par le Président des États-Unis Donald Trump, le 15 février. La NASA va même bénéficier d’un budget supérieur à la requête présidentielle (basée sur ses demandes), en croissance par rapport à 2018.
Après trois résolutions temporaires, qui permettaient provisoirement à ses employés de retourner travailler, la NASA dispose à nouveau d’un budget pérenne. Il était temps, car l’année fiscale 2019 américaine a débuté le 1er octobre 2018 et court jusqu’au 31 septembre prochain. Pour mener ses missions à bien, l’agence spatiale va disposer d’un montant de 21,5 milliards de dollars (provisionné jusqu’en septembre 2020).
Comme ce fut déjà le cas l’an passé, le Congrès a donc décidé d’aller au-delà des requêtes de l’administration. Il a ainsi accordé 1,6 milliard de plus que demandé, ce qui permet à la NASA d’afficher un budget en hausse par rapport à 2018, où elle avait obtenu 20,8 milliards de dollars (+3%).
La mission Europa Clipper fait partie des projets inscrits dans la loi budgétaire 2019. © NASA / JPL / Caltech
La science reste la priorité
Le domaine des sciences est le principal bénéficiaire de ce budget, avec 6,91 milliards de dollars, soit un milliard de plus que demandé. L’étude planétaire y aura sa place, avec par exemple le financement de deux missions vers Europe, une des lunes de Jupiter. Le texte de loi prévoit ainsi l’allocation de 740 millions de dollars, dans le cadre d’un plan budgétaire de cinq ans. Cela comprend 545 millions pour le développement de la sonde orbitale Europa Clipper, qui doit être lancée au plus tard en 2023, mais aussi 195 millions pour un atterrisseur qui suivra dans les deux ans. Les deux engins devront être lancés à bord du futur lanceur lourd SLS (Space Launch System).
La NASA va aussi poursuivre le développement d’autres missions vers l’espace lointain avec cette somme. Ce sera le cas de Mars 2020 ou de Dart (Double Asteroid Redirection Test). L’espace cislunaire ne sera pas oublié, avec le financement de plusieurs missions autour de la Terre, ainsi que le lancement d’un programme d’exploration robotique de la Lune.
Ensuite, 5,1 milliards de dollars seront consacrés à l’exploration spatiale. Sur ce total, 2,2 milliards seront alloués au lanceur SLS, ainsi que 1,4 milliard pour le vaisseau Orion qui lui sera associé. Ces dépenses, qui entrent là aussi dans un cadre budgétaire de cinq ans, doivent conduire à un premier tir du couple mi-2020 avec l’Exploration Mission-1 (EM-1). Le texte demande aussi à ce que l’EM-2 – première mission habitée qui doit emmener un équipage en orbite lunaire – suive le plus vite possible. Ce qui ne devrait probablement pas arriver avant 2023.
La NASA devrait aussi s’appuyer sur ce budget pour préparer l’établissement d’une station orbitale lunaire (LOP) au cours des années 2020. Connue aussi sous le nom de Deep Space Gateway, celle-ci doit servir de relai vers l’exploration de l’espace lointain.
Le X-59 doit voler en 2021 pour l’étude du vol supersonique silencieux. © Lockheed Martin
Vers l’orbite basse et en deçà
Les opérations spatiales, notamment en orbite terrestre basse (LEO), constituent le troisième poste majeur de dépenses avec 4,6 milliards de dollars. Cela comprend entre autre le financement de la Station spatiale internationale (ISS), ainsi que son ravitaillement avec les partenariats avec SpaceX et Boeing dans le cadre du Commercial Crew Program. Celui-ci doit permettre aux États-Unis de retrouver un accès indépendant à l’espace pour ses missions habitées. Ce n’était plus le cas depuis l’arrêt de la navette spatiale en 2011.
Après la mission inhabitée chacun dans les deux prochains mois, SpaceX et Boeing prévoient l’envoi des premiers équipages dans l’espace cet été. La mission SpaceX Demo-2 est ainsi prévue en juillet, suivie par la Boeing Crew Flight Test en août.
Les activités de recherche aéronautique ne sont pas oubliées, avec un budget de 725 millions de dollars. Les efforts de la NASA se porteront en particulier sur le vol supersonique silencieux (QueSST), avec le démonstrateur X-59 qui doit permettre de réduire significativement l’empreinte sonore du passage du mur du son (projet Low supersonic boom). Le premier vol est prévu en 2021.
Enfin, la NASA va finalement poursuivre son engagement pour susciter l’intérêt des jeunes générations envers les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM). Une ligne qui n’apparaissait plus dans ses demandes budgétaires malgré la pénurie croissante de main d’oeuvre qualifiée.