Les ambitions de la Chine en terme d’aéronautique ne sont un secret pour personne. Le pays a donc lancé un investissement massif dans les souffleries, comme nous le déclarait il y a quelques mois Patrick Wagner, directeur des Grands moyens techniques de l’Onera. Rien d’étonnant donc à l’annonce faite par l’Académie chinoise des sciences, le 20 mars, sur la construction d’une soufflerie hypersonique. Le pays entend ainsi renforcer ses moyens de conception d’aéronefs, de vaisseaux spatiaux ou de missiles à très haute vélocité.
C’est le laboratoire d’État stratégique de Dynamique des gaz à haute température qui est en charge de ce projet. Han Guilai, un de ses chercheurs, a détaillé les capacités de la future soufflerie à la Télévision centrale chinoise (CCTV) : longue de 265 mètres, elle pourra générer un vent allant jusqu’à Mach 25, soit 30 625 km/h. Au vu de ces caractéristiques, il s’agit d’une soufflerie à rafales, capable de générer de très grandes vitesses sur un temps très court.
De son côté, l’agence officielle Chine nouvelle, a annoncé que cette soufflerie serait « la plus rapide du monde » et « aidera à la conception d’avions spatiaux », comme le rapporte l’AFP. Pour que cette qualification soit pertinente, il faudrait néanmoins que d’autres éléments soient détaillés : taille de la veine d’essais, longueur des rafales, nombre de Reynolds, etc. D’autant que d’autres souffleries présentent des vitesses comparables.
Il faudra également que les scientifiques chinois définissent des méthodologies efficaces et disposent d’une métrologie adaptée pour que leurs recherches soient concluantes, ce qui demande de l’expérience. Ils ne sont néanmoins pas novices en la matière, et disposent déjà d’une soufflerie hypersonique (Mach 9).
Pour Song Zhongping, un expert de l’armée chinoise, interrogé par l’AFP, cette soufflerie « aura des applications civiles et militaires. » L’Académie chinoise des sciences travaille ainsi sur des projets comme « I Plane », avion commercial capable de relier Pékin à New York en deux heures, ce qui ferait une vitesse de plus de 5 000 km/h. On peut également penser à des véhicules de rentrée atmosphérique ou à des missiles hypersoniques.