Certains programmes sont destinés à ne pas réussir. Cela semble être le cas du Silvercrest de Safran Aircraft Engines. Le programme vient d’essuyer une nouvelle déconvenue : Cessna (groupe Textron Aviation) suspend le Citation Hemisphere, pour la motorisation duquel il était sélectionné. C’était a priori la dernière chance du Silvercrest d’embarquer sur un avion. Le groupe français a lui-même annoncé la nouvelle le 17 juillet, en parallèle de la publication des résultats du premier semestre de Textron.
Safran Aircraft Engines s’est montré laconique dans son communiqué, qui mentionne seulement que « le couple avion / moteur n’atteint pas, à ce jour, l’ensemble de ses objectifs ». Le contrat initial entre les deux parties a donc été résilié. Aucune autre raison n’est avancée pour justifier la suspension de ce qui devait être le plus gros appareil jamais construit par Cessna.
Ensuite, le motoriste tente avant tout de dédouaner son moteur, qui a, « pour sa part, réalisé depuis douze mois les progrès attendus ». Il annonce même que « les résultats des essais au sol du nouveau compresseur haute pression ont démontré un niveau de performance supérieur aux attentes ». Celui-ci avait dû être redessiné suite à un manque de réactivité dans certaines limites de l’enveloppe de vol.
Malgré ce nouveau coup du sort, Safran Aircraft Engines ne désespère pas. Le motoriste annonce qu’il « continuera à utiliser le Silvercrest comme plateforme de R&T et tiendra Textron informé des progrès du moteur, lui donnant ainsi l’opportunité de réévaluer la situation. » Le communiqué annonce d’ailleurs que « des essais complémentaires sont prévus prochainement afin de confirmer les améliorations apportées au moteur et de finaliser le processus de validation de ses performances et de sa durabilité. »
La note devrait être moins salée que lors de l’abandon du Falcon 5X par Dassault Aviation fin 2017. Safran Aircraft Engines avait alors dû porter l’entière responsabilité de l’échec et s’acquitter d’une indemnité d’un montant de 280 millions de dollars, en plus des pénalités préalables prévues dans le contrat. Le motoriste a en effet indiqué que le contrat avec Cessna avait été résilié « sans impact financier pour les deux parties ».