Près de trente ans après la fin de l’URSS, Iliouchine reste largement étiqueté comme constructeur soviétique. Une image dont la filiale de United Aircraft Corporation (UAC ou OAK) aimerait sans doute se départir alors que deux de ses projets civils préparent leur premier vol : l’Il-96-400M, quadrimoteur bicouloir long-courrier, et l’Il-114-300, biturbopropulseur régional. Si ces deux programmes se veulent ancrés dans leur époque, avec des moteurs relativement récents ou une avionique actuelle, ils restent néanmoins des modernisations d’appareils nés sous l’ère soviétique.
Le 10 janvier, Iliouchine a annoncé que le premier prototype de l’Il-96-400M était en cours d’assemblage. Les principaux éléments de fuselage et de voilure sont montés et la mise en croix a été réalisée. Le constructeur s’attelle désormais à installer les systèmes de commandes et l’aménagement intérieur de l’avion.
Selon Yuri Grudinin, PDG d’Iliouchine : « Le travail sur le programme de nouvel avion de passagers Il-96-400M se déroule comme prévu. La production du prototype devrait être terminée d’ici la fin de l’année. Après cela, il sera remis aux équipes d’essais au sol et en vol. Le premier vol de l’Il-96-400M est prévu pour 2021. » Cela constitue néanmoins un retard de deux ans par rapport au calendrier présenté lors du lancement du projet en 2017.
L’Il-96-400M est présenté comme une modification de l’Il-96-300, version originelle de l’Il-96 en service depuis le début des années 1990, qui fera l’objet d’un ajout à son certificat de type. Il est plus exactement une évolution de l’Il-96M, modèle allongé et doté d’équipements américains dont la version cargo Il-96T fut le premier appareil commercial russe certifié par la FAA en 1999. A ceci près que cette nouvelle variante sera dotée exclusivement d’équipements russes.
Long de 63,9 m avec une masse maximale au décollage de 270 tonnes, l’Il-96-400M est prévu pour accueillir 305 passagers sur trois classes, 350 sur deux, voire 402 en classe unique. Proche d’un Airbus A330-300, il devrait largement souffrir de sa consommation, avec quatre moteurs Aviadvigatel PS-90A1 de 38 000 livres de poussée unitaire (certifiés en 2007), et de son autonomie réduite (8 750 km).
Enfin son cockpit se veut certes moderne avec une avionique « tout écran », mais il nécessitera tout de même un équipage de trois personnes. Cette configuration apparaît relativement archaïque à l’heure où les occidentaux se projettent vers le pilote unique.
Positionnement régional
Le développement de l’Il-114-300 est plus avancé, avec un premier prototype sorti des ateliers de peinture fin décembre. Il doit commencer ses essais au sol sous peu afin de préparer son premier vol cette année. Deux autres appareils sont en cours d’assemblage dans l’usine P.A. Voronin de MiG. Le premier d’entre eux doit rejoindre le programme d’essais en vol avant la fin de l’année. « Il est prévu de terminer la certification de l’Il-114-300 en 2022 et de commencer les livraisons en série à partir de 2023 », s’est avancé Yuri Grudinin.
Modernisation de l’Il-114, qui a volé pour la première fois en 1990, l’Il-114-300 est doté de deux moteurs Klimov TV7-117S d’une puissance maximale au décollage de 2 650 chevaux sur arbre (shp) chacun. Il dispose d’une avionique composée de cinq écrans LCD. Ses équipements sont russes, pour la plupart fournis par des entreprises du consortium d’Etat Rostec.
Avec 64 sièges à bord et 1 900 km d’autonomie, l’avion entend bien se poser en concurrent des ATR et des Q400 sur le marché régional. Son principal débouché sera le remplacement des appareils soviétiques d’ancienne génération comme les Antonov An-24 et An-26.
L’Il-114-300 doit voler pour la première fois cette année. © Iliouchine