Thales a incontestablement publié des résultats avantageux pour son exercice 2017. En sus des chiffres généraux présentés le 6 mars, Patrice Caine, P-DG du groupe, est revenu dans le détail sur les différentes activités opérationnelles qui le composent, à savoir l’Aérospatial, la Défense & Sécurité et le Transport.
Des perspectives au beau fixe dans la Défense
Pour l’année 2017, la division Défense & Sécurité de Thales affiche un chiffre d’affaires de 7,98 milliards d’euros, en hausse de 8 % par rapport à l’année précédente (7,39 milliards). Elle renforce sa position de principale branche du groupe. Les prises de commandes ont subi une baisse de 13 % et s’établissent à 7,88 milliards d’euros, contre 9,06 milliards en 2016. Une baisse significative qui est évidemment à mettre sur le compte du contrat Rafale en Inde.
Parmi les contrats significatifs, supérieurs à 100 millions d’euros, des pods AREOS (RECO NG), un système de défense aérienne, des contrats de support (systèmes de défense aérienne européens et programme « Voyager » (MRTT) de la Royal Air Force), ainsi qu’un marché d’approvisionnement de consommables aéronautiques pour les forces françaises.
Répartition régionale
Thales affiche par ailleurs son optimisme pour ses trois marchés clefs : la France, l’Australie et la Grande-Bretagne, notamment sur les deux premiers, dont les budgets de Défense vont connaître des hausses significatives ces prochaines années. « La tendance est bonne », a ainsi déclaré le PDG Patrice Caine. « Nous attendions le projet de Loi de programmation militaire, il est clair et prévoit une réelle inflexion des dépenses », a-t-il poursuivi.
Quant à la Grande-Bretagne, « nous sommes dans la situation dans laquelle nous étions il y a un an en France », à savoir dans l’attente des décisions stratégiques et des plans d’équipements qui en découlent, même si l’équipementier se montre plutôt optimiste, la Grande-Bretagne partageant « beaucoup avec la posture française en matière de Défense ». Patrice Caine reste donc prudent : « Il faut garder la tête froid, nous attendons l’été prochain pour tirer les conclusions sur ce marché, qui restera quoi qu’il en soit un grand marché pour Thales ».
L’aérospatial conforme aux attentes
L’Aérospatial est légèrement en retrait par rapport à la Défense & Sécurité. Il présente une croissance de son chiffre d’affaires moins importante, à 3 %, mais reste sans conteste le deuxième pôle du groupe devant le Transport avec 6 milliards de revenus. La division améliore tout de même sa rentabilité de 5 %, avec un EBIT à 601 millions d’euros. Le secteur affiche ainsi une marge de 10 %.
A l’instar des chiffres du groupe, la baisse des prises de commandes vient ternir le reste des résultats. Elles reculent ainsi de 11 %, à 5,2 milliards d’euros. Le secteur subit naturellement de plein fouet la comparaison avec 2016 et la vente des 36 Rafale à l’Inde. Il est aussi victime d’un recul sur le marché des satellites.
Dans le détail, Patrice Caine estime que le domaine de l’avionique se porte bien et ne subit pas de changement majeur, continuant à suivre le mouvement de montée en cadence impulsé par les avionneurs civils, mais aussi militaires. Il salue également la bonne dynamique du multimédia de bord (IFE) et de la connectivité. Il note notamment le fort potentiel de la connectivité, qui commence juste à se développer.
L’espace à la peine
En revanche, le P-DG admet que l’activité spatiale subit la crise qui touche actuellement l’ensemble du marché des satellites de communication civils. Il note un attentisme de la part des opérateurs face au déploiement de plusieurs nouvelles constellations ces dernières années. De même, il estime que les commandes institutionnelles suivent des cycles, et se trouvent aujourd’hui dans un creux après avoir connu une certaine dynamique en 2015 et 2016.
Le P-DG reste néanmoins convaincu que l’espace reste un marché très prometteur à long terme, notamment avec le développement de nouvelles activités comme la connectivité à bord ou l’observation de l’espace et des débris spatiaux. Il cite aussi l’utilisation de l’observation terrestre à très fort taux de revisite dans des domaines comme l’industrie pétrolière ou l’agriculture, où il entend bien être présent.
Thales Alenia Space et Telespazio (filiales de Thales et Leonardo) ont ainsi signé un partenariat en septembre 2017avec la société américaine Spaceflight Industries, qui veut construire une constellation de satellites d’observation haute résolution et fort taux de revisite. Il établit une prise de participation ainsi que la création d’une coentreprise.
Enfin, Patrice Caine ouvre aussi la porte à des « projets plus futuristes » à même de renforcer le développement de l’industrie spatiale, comme l’exploration minière des météorites.