Comme nous l’avions annoncé hier, trois KC-135 de l’US Air Force sont stationnés sur la BA 125 d’Istres depuis le 21 février. Les avions ravitailleurs sont opérés par le 100th Air Refueling Wing stationné à Mildenhall, en Grande-Bretagne. Les tankers ont été stationnés en France afin d’être engagés « si besoin et sur demande » dans le cadre de la mission Barkhane, en soutien aux forces aériennes françaises. Les KC-135 peuvent, le cas échéant, effectuer des opérations de ravitaillement en vol des chasseurs français en BSS au même titre qu’un ravitailleur de l’armée de l’air.
Ce déploiement fait partie intégrante de l’opération américaine « Juniper Micron », lancée en janvier 2013, qui vise à offrir un soutien matériel et financier à la France. « Les Américains nous reconnaissent un rôle de leader sur cette zone », selon l’état-major des armées. « C’est donnant-donnant », nous explique-t-on du côté des armées, à savoir que la participation des États-Unis en BSS est effectuée au même titre que la France est « équipière » au Moyen-Orient… occultant de fait la disproportion des moyens français engagés dans l’opération Chammal par rapport aux moyens américains mis à disposition en soutien de la mission Barkhane.
Les moyens engagés par les États-Unis comprennent également des capacités de renseignement, drone ou ISR léger, sans qu’il n’ait été possible d’obtenir plus d’informations à ce sujet. Il n’y aurait à l’heure actuelle pas d’avion de renseignement américain déployé sur la zone, mais l’état-major des armées se refuse à tout commentaire sur ce sujet. Un officier de liaison américain se trouve en revanche au CPCO, au même titre que d’autres nations qui participent aux opérations dans la BSS.
Le déploiement de trois avions ravitailleurs pour couvrir une zone qui n’emploie plus que six chasseurs – les deux Mirage 2000N de Niamey ayant été ré-affectés en Jordanie la semaine dernière – peut poser question, notamment sur la disponibilité des ravitailleurs français. Ce taux (technique et opérationnel) des 14 ravitailleurs de l’armée de l’air n’est pas divulgué, mais il n’est pas toujours au beau fixe, si on en croit de fins connaisseurs du sujet. La situation est « toujours très tendue » et nécessite notamment un engagement des mécaniciens « à plus de 100% ».
Du côté de l’état-major des armées, on précise que « ce n’est pas une demande pour une période donnée » et qu’elle n’est donc pas liée à une quelconque problématique de disponibilité. « Quand on nous dit qu’on peut nous mettre des moyens à disposition, nous les prenons, nous sommes preneurs de tout appui », nous explique-t-on. Une nécessité pour préserver les potentiels français, déjà fortement engagés par ailleurs.