Soixante-treize décollages de chasseurs sur alerte en 2015, déjà 79 pour les neuf premiers mois de l’année 2016, le bilan de l’activité aérienne dans le cadre de la posture permanente de sûreté aérienne (PPS) est stable depuis quelques années et ne connaît pas de tendance à la baisse. Mise en place « pour réagir à tout évènement se déroulant en vol » et pour « faire respecter la souveraineté nationale dans l’espace aérien français et assurer la défense du territoire contre toute menace aérienne », la PPS est assurée 24h/24 et 7j/7 par environ 900 personnels et 520 autres en astreinte.
L’espace aérien français est traversé par 10 à 15 000 avions chaque jour, selon des données datant de 2014. Renforcée depuis les attentats du 11 septembre 2001 à New-York, la PPS représente « l’ensemble de dispositions permanentes prises pour mettre le pays, en toutes circonstances, à l’abri d’une agression, même limitée, contre son territoire et ses intérêts immédiats », selon le glossaire interarmées de terminologie opérationnelle.
Avions de chasse de l’armée de l’air ou de la Marine nationale, hélicoptères, tankers, AWACS, moyens de défense sol-air, autant de moyens qui peuvent être mobilisés en cas de besoin, dans le cadre des MASA (Mesures actives de sûreté aérienne), qui visent à rechercher l’identité d’un aéronef suspect, à le surveiller et à observer son comportement, lui faire appliquer une obligation/restriction/interdiction, voire à l’avertir avec un tir de semonce, l’arraisonner, ou, en dernier recours à le détruire. De « permanence opérationnelle », les chasseurs et les hélicoptères sont répartis sur différentes bases du territoire, de Tours à Mont-de-Marsan, en passant par Saint-Dizier ou encore Landivisiau.
Pour l’année 2016, la PPS comptabilise déjà 37 pertes de contact radio par des aéronefs civils, qui nécessitent de fait la mobilisation des moyens en alerte, à l’image de l’interception par la PO de Tours d’un A320 lituanien le 25 octobre dernier, « accompagné » jusqu’à la frontière belge. Signe des temps, des MASA ont également été déclenchées à deux reprises pour « escorter » des avions russes s’étant approchés de très près de l’espace aérien français. La première interception date de la fin janvier, avec le décollage de deux Mirage 2000D de Lann-Bihoué, relayés par un Rafale basé à Creil, pour surveiller deux Tu-95 « Bear » russes. Seconde alerte en septembre dernier, quatre des six Rafale en alerte ont décollé pour intercepter deux Tu-160, suivis par des chasseurs de pays alliés depuis l’Europe du Nord, jusqu’au large des côtes atlantiques espagnoles. Le chef d’état-major de l’armée de l’air indiquait dans son audition par les députés de la commission de la Défense « la recrudescence de ces démonstrations militaires dans nos approches aériennes, qui soulignent le retour des »menaces de la puissance » ».
L’armée de l’air met également en oeuvre ses moyens aériens dans les pays baltes, en vertu d’une mission OTAN, qui prévoit des rotations régulières de chasseurs pour compenser l’absence de moyens de police du ciel de l’Estonie, de la Lettonie et de la Lituanie. Quatre Mirage 2000-5 sont basés en Lituanie depuis le mois de septembre dans le cadre de la mission Baltic Air Policing, pour la cinquième rotation française depuis la mise en place du dispositif en 2004. Le général Lanata fait état d’une « augmentation des tensions dans ce secteur », à l’image d’un weekend du mois d’octobre au cours duquel les chasseurs ont décollé six fois en 24 heures afin d’intercepter « une dizaine d’avions russes, dont des avions de chasse ».
Autre volet de la mise à disposition de moyens de protection du territoire évoqué par le CEMAA, les DPSA (Dispositifs particuliers de sûreté aérienne). Signe de « l’intensification de l’effort », le général Lanata révèle que leur nombre a triplé en deux ans, passant de quatre DPSA en 2014 à douze en 2016. Déployés autour de grands évènements, des moyens de détection, d’identification et d’interception sont traditionnellement déployés lors du défilé du 14 juillet, mais l’ont également été pour des rassemblements type COP21 (voir : Au coeur de la base aérienne projetée de la COP21 ), cérémonies de commémoration du débarquement ou encore match d’ouverture de l’Euro 2016. Concluant sur ce volet, le CEMAA indique qu’il faudra « là aussi tirer les conséquences de ce surcroît d’activité ».