La Réunion ne sera plus un passage obligé pour aller de Mayotte à Paris. En présence de son PDG Marie-Joseph Malé, de son directeur Ventes et Marketing Jean-Marc Grazzini, ainsi que du nouveau préfet de Mayotte Frédéric Veau et du président du conseil départemental Soibahadine Ibrahim Ramadani, Air Austral a inauguré le 10 juin la ligne directe entre Dzaoudzi et la capitale française, une liaison qui sera assurée deux fois par semaine à l’année grâce au nouveau Boeing 787-8 que la compagnie a reçu fin mai. Il transportait 235 passagers (90% de remplissage) et 2,2 tonnes de fret.
La ligne Paris – Mayotte est longtemps restée un rêve pour Air Austral – et les Mahorais. Un paradoxe puisque « la compagnie a été créée pour relier La Réunion à Mayotte, il y a 25 ans », souligne Marie-Joseph Malé. Un rêve qui a failli être réalisé toutefois : elle avait acheté un Boeing 777-200LR à cette fin en 2011, le seul à être capable de décoller à pleine charge de la courte piste (1 930 mètres) de Dzaoudzi, cernée par la mer et les collines. Mais l’acquisition s’était faite au mauvais moment, alors que le pétrole était cher et que les finances d’Air Austral étaient plus que fragiles. Et le 777-200LR, avec ses 362 places, était trop gros pour le marché, le maintenir « aurait été un désastre économique et financier ». Le Triple Sept a été revendu en novembre 2015 et est devenu un avion VIP.
Désormais, Air Austral a l’appareil qu’il lui faut. Le 787-8 a une capacité plus raisonnable et peut assurer la liaison directe, hormis lorsque la piste de Dzaoudzi sera mouillée. Dans ce cas, le décollage ne pourra pas se faire à pleine charge et une escale technique (de refuelling) à Nairobi sera programmée. La compagnie estime que cela devrait représenter 30% des vols, principalement durant l’hiver austral, et que cela ajoutera une heure à un trajet durant autrement un petit peu moins de 10 heures.
Le gain va être immense pour les Mahorais. Cette liaison directe va leur permettre de diviser presque par deux le temps de voyage pour rejoindre la métropole (environ 16 heures en passant par La Réunion). Pour Air Austral, elle permettra de libérer de la capacité « tant sur le local que sur le long-courrier », souligne Marie-Joseph Malé : la ligne Saint-Denis – Dzaoudzi était jusqu’alors empruntée à 60% pour des vols de correspondance vers Paris, les voyageurs à destination de Mayotte représentant le tiers des passagers de la ligne Paris – Réunion.
Le 787-8 est aménagé en configuration biclasse de 262 places, avec dix-huit fauteuils Club Austral – des sièges Aura de Zodiac Aerospace – et 244 sièges de classe Loisirs (également produits par Zodiac). Avec lui, c’est également la nouvelle cabine long-courrier d’Air Austral qui est inaugurée et la qualité du produit hard qui fait un bond en avant.
Indépendamment de l’amélioration indéniable apportée par la réduction de l’altitude cabine et l’augmentation de l’humidité dans les 787 en général, la nouvelle configuration apporte un confort vraiment accru dès la classe économique. Le pitch passe par exemple de 31 à 34 pouces, l’inclinaison est de 116° mais l’assise bascule avec le dossier, augmentant le ressenti, les pieds des sièges ne se trouvent plus au centre mais de part et d’autre du fauteuil et un accessoire très cher au coeur du président d’Air Austral a été installé, un repose-pied. Le programme de divertissement en vol, fourni par Panasonic, compte une cinquantaine de films, de la musique, des jeux…, accessibles via un écran tactile de 9 pouces. Enfin, des prises sont installées à chaque siège.
Un second 787 doit être livré au mois d’octobre, qui permettra de relancer la ligne directe entre La Réunion et Bangkok, actuellement assurée en 737 avec une escale à Chennai. C’est à cette période que deux des 777-300ER d’Air Austral retourneront à leurs lessors et seront remplacés par deux appareils similaires, dotés d’une nouvelle cabine calquée sur celle des 787 – toujours avec des sièges de Zodiac Aerospace dans toutes les classes, y compris en classe Confort (Premium Economy – une classe absente du Dreamliner). Le troisième 777 sera également reconfiguré. Ainsi, à la fin de l’année, la flotte aura une moyenne d’âge de 3 ans, sera parfaitement adaptée au programme de vols et équipée de cabines toutes neuves sur long-courrier. De quoi poursuivre sereinement la réflexion sur son renouvellement à l’horizon 2022-2023.