La pénurie de main-d’oeuvre dans le secteur aéronautique est récurrente. Après la difficile parenthèse ouverte par la crise sanitaire de 2020, la remontée rapide des cadences de production, avec les nouveaux besoins entraînés par la décarbonation de l’aviation et la digitalisation des opérations, ont replacé l’emploi en tête des préoccupations majeures des acteurs du secteur. Les campagnes massives de recrutement se multiplient. Dans ce contexte, le groupe Adecco a récemment été choisi par Airbus Atlantic pour épauler ses recrutements en région Loire-Atlantique, Gironde et Charente-Maritime. Gwenaëlle Laborde, responsable d’activité spécifique Aéronautique de cette région chez Adecco, nous explique les enjeux.
Adecco est en train de soutenir Airbus Atlantic dans une vaste campagne de recrutement. Quels types et quels volumes de profils sont recherchés ?
Tout d’abord, nous sommes ravis qu’Airbus Atlantic reconnaisse notre expertise et nous témoigne sa confiance. Nous allons recruter pour eux plusieurs centaines de profils d’ici la fin de l’année. Nous intervenons sur tous les métiers, de l’opérateur à l’ingénieur en passant par le technicien. Pour 2024, les besoins seront équivalents en termes de recrutement et de formation. Nous commençons donc à déjà anticiper les besoins.
Les problématiques de recrutement sont l’un des enjeux majeurs de toutes les industries. A quel point la pénurie de profils touche-t-elle le secteur aéronautique ?
Effectivement, la demande en personnel est très supérieure à l’offre. Sur le secteur géographique dont j’ai la charge – la Loire-Atlantique, la Gironde et la Charente-Maritime -, le constat de la DARES est que le marché de l’emploi aéronautique et automobile [selon la nomenclature économique de synthèse NES, ndlr] est en augmentation de 24 %, contre 0,19 % d’évolution tous marchés confondus, à fin juillet sur la Loire-Atlantique. Sur la Gironde, il est à +49 % quand le reste du marché est en recul de 5 %. C’est donc un secteur très porteur mais sur lequel les défis de recrutement sont importants. En ce qui concerne les candidats, nous sommes passés d’un marché de sélection à un marché de séduction.
Certains postes sont-ils particulièrement en pénurie ?
La filière communique énormément sur les bassins d’emploi concernés pour attirer des candidats dès leur plus jeune âge. Beaucoup s’orientent vers des métiers de techniciens et d’ingénieurs. En revanche, les métiers d’opérateurs ne sont encore pas assez connus et nous manquons de candidats.
« Nous sommes dans une logique d’innovation quotidienne »
Justement, dans ce contexte de pénurie de profils, quels sont les atouts d’Adecco pour convaincre les candidats ?
Nous sommes innovants au quotidien et mettons tout en oeuvre pour attirer et fidéliser les meilleurs candidats. Adecco collabore avec de nombreux acteurs du marché et tisse de nombreux partenariats avec les institutionnels locaux. Nous avons un panel d’agences spécialisées dans l’aéronautique, avec des recruteurs présents, engagés, formés et passionnés par le secteur et ses métiers. Nous proposons également des actions axées sur la diversité et l’inclusion notamment avec notre filiale Humando, le premier réseau de travail temporaire inclusif. Nous optimisons également les moyens de communication pour être plus proches des candidats (réseaux sociaux, Spotify, Deezer…) et multiplions les événements locaux.
Nous voulons réellement présenter aux candidats les perspectives d’emploi, les conditions de travail et les conditions de rémunération. Elles sont claires et concrètes car nos clients sont transparents. Ils nous accompagnent de plus en plus à des événements et ouvrent leurs portes aux candidats. Par exemple, le site Airbus Atlantic de Montoir-de-Bretagne ouvre ses portes tous les mois, afin que chaque candidat puisse voir la réalité des métiers et du terrain.
Les agences sont au service des clients et s’attachent également à apporter un maximum de bienveillance aux candidats. C’est pourquoi le Groupe Adecco séduit aujourd’hui de plus en plus de candidats et de clients.
Quelle est l’importance de la formation dans votre démarche ?
C’est un sujet clé. Au sein du Groupe, nous avons la Grande Ecole de l’Alternance, avec de nombreux parcours de formation. Elles concernent les métiers d’ajusteurs, mécaniciens, câbleurs, opérateurs, drapeurs, magasiniers… Pour le quatrième trimestre, nous avons encore plus de vingt actions de formation à mener sur le territoire que j’accompagne. Nos formations rassemblent dix candidats en moyenne, durent en général six mois avec une période en immersion en entreprise. Nous intervenons sur de la POEC [Préparation opérationnelle à l’emploi collective, ndlr] ou du contrat pro.
Pour trouver les candidats, nos équipes sont accompagnées par un service interne, le Delivery central, un centre d’innovation et d’expertise en sourcing. Depuis trois semaines, nous avons reçu près de 500 candidatures sur nos offres de formation sur ce secteur géographique. Ce sont des volumétries intéressantes au regard du manque de candidats dans le secteur aujourd’hui. A l’issue de la formation, les candidats sont embauchés en intérim ou en CDI intérimaire. Mais ils ont aussi des perspectives d’embauche en direct chez les clients.
Nous avons la responsabilité et nous attachons vraiment à ne laisser aucun talent de côté : nos formations sont ouvertes à tous. Nous réalisons des tests de positionnement pour orienter les candidats en fonction de ce que l’on comprend de leur parcours et de leur motivation et des prérequis des différents postes disponibles.
Le secteur a de très importants besoins en recrutement mais son image a beaucoup souffert au début de la crise sanitaire. Qu’en est-il maintenant selon vous, a-t-il retrouvé son attrait ?
La perte des talents a touché tous les secteurs pendant la crise, y compris l’aéronautique. Mais je pense que le domaine continue d’attirer et de faire rêver. Les candidats reviennent mais ne se sont jamais vraiment éloignés. La filière est très attirante et en pleine évolution, elle continue de plaire aux plus jeunes : les grands donneurs d’ordre ont signé parmi les plus gros contrats de leur histoire cette année, le secteur s’engage vers des nouvelles technologies et la jeune génération est très sensible à la manière dont les entreprises oeuvrent en faveur de la transition écologique.
Comment s’annonce 2024 pour la spécialisation aéronautique d’Adecco ?
Nous allons avoir un grand défi, qui a commencé dès 2022 : celui d’accompagner la remontée des cadences de production et d’accompagner les besoins créés par la transition écologique. Toutes les agences de mon périmètre, que ce soit Bordeaux, Rochefort ou Saint-Nazaire, sont mobilisées et travaillent ensemble pour accueillir tous les candidats à la formation et répondre à des besoins inédits de recrutement.