Changer le nom du MRJ en SpaceJet n’a pas suffi à conjurer le sort qui pèse sur le programme. A l’occasion de la présentation de ses résultats pour le troisième trimestre de l’année fiscale 2019, Mitsubishi Heavy Industries a confirmé un sixième report de l’entrée en service du premier appareil. Initialement prévue pour cette année, elle aura lieu à la fin de l’année fiscale 2021 (qui s’achève en mars 2022), « voire plus tard ».
Pire, le programme continue de peser très lourd sur les comptes du conglomérat japonais. Sur les neuf premiers mois de l’année, il aura occasionné une perte opérationnelle de 175,3 milliards de yens (1,6 milliard de dollars). Et les nouvelles prévisions pour l’année évoquent une perte de 270 milliards de yens (2,46 milliards de dollars), là où Mitsubishi n’avait envisagé qu’une perte de 80 milliards de yens (730 millions de dollars).
L’entrée en service de celui qui était à l’époque dénommé le MRJ90 était initialement prévue pour 2013. Mais des problèmes sont régulièrement venus jalonner le programme de développement et de certification, notamment une mauvaise conception des systèmes d’interconnexion des câblages électriques (EWIS). Cinq reports avaient ainsi déjà été annoncés. Quand aux contrats, ils ne se bousculent pas. Le carnet de commandes compte actuellement 287 appareils (163 en commande ferme et 124 en option).
Pourtant, 2019 a été une année chargée pour Mitsubishi Aircraft Corporation (MITAC). Le changement de dénomination du MRJ cachait un remaniement important de la version la plus courte de la famille d’avions régionaux, le MRJ70 devenant le M100, gagnant en capacité tout en étant capable de respecter la scope clause américaine si elle n’est pas modifiée. Cela n’a pas suffi à convaincre Trans States Holdings à rester client, faisant sortir une centaine d’appareils de la liste des engagements. Au contraire, Mesa Air a signé un protocole d’accord en septembre dernier pour une centaine d’appareils, après qu’un client resté anonyme se soit engagé pour une quinzaine d’avions en juin. En parallèle, MITAC a racheté le programme CRJ à Bombardier, éliminant un concurrent et se dotant d’un réseau mondial de soutien et de services.