Les plans de restructuration d’Air France-KLM ont porté leurs fruits, soutenus par la baisse des prix du pétrole. Après plusieurs années de pertes, le groupe a enfin pu renouer avec les bénéfices, tant au niveau opérationnel qu’en termes de résultat net. Ainsi, le résultat d’exploitation est positif de 816 millions d’euros et le bénéfice net atteint 118 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires de 26 milliards d’euros (+4,6% ou -3,2% hors effet grève et change).
Les deux compagnies ont contribué à cette performance. KLM a enregistré un résultat d’exploitation positif de 384 millions d’euros, plus du double de celui de 2014, et Air France de 462 millions d’euros (contre une perte de 314 millions d’euros en 2014). Un tableau qui a permis à Pierre-François Riolacci, le directeur général adjoint chargé des Finances du groupe, de se réjouir que celui-ci « marche sur ses deux jambes ».
Transform 2015 et Perform 2020 ont donc eu les effets escomptés, même si le groupe n’a pu réduire ses coûts que de 0,6% cette année. L’objectif fixé, et maintenu pour la période 2016-2018, est d’une réduction annuelle moyenne de 1,5%. La direction impute une partie de cette faiblesse au retard pris dans l’application du plan Transform par les pilotes.
Air France-KLM a également été aidé par la diminution de sa facture carburant, qui a atteint 6,2 milliards de dollars en 2015 (-6,7%). Le bénéfice a toutefois été limité en raison des couvertures carburant et de la force du dollar – Pierre-François Riolacci indique que le groupe n’a pu conserver que 30% du bénéfice de la réduction. Pour 2016, le volume couvert se situe environ à 60% et les couvertures ont été arrêtées pour l’activité cargo. Air France-KLM estime que sa facture devrait ainsi pouvoir se réduire de deux milliards de dollars.
Un environnement difficile
En ce qui concerne le contexte dans lequel le groupe évolue, il reste complexe. Ralentissement de la croissance en Chine, stagnation au Japon, difficultés au Brésil et vers les destinations pétrolières, instabilité politique au Proche-Orient, en Afrique du Nord et insécurité en Europe, autant d’obstacles qui ont pesé sur les recettes du groupe. Ainsi, la recette unitaire reste sous pression, en baisse de 3,3% à change constant – stable sur le moyen-courrier et réduite de 4,4% sur le long-courrier.
L’activité cargo, quant à elle, continue de se dégrader. Air France-KLM poursuit sa réduction de capacités (de 4,5% en 2015) mais la demande chute plus rapidement (de 8,5%), affectant encore un coefficient de remplissage déjà peu élevé. La restructuration va donc se poursuivre, à Amsterdam uniquement puisqu’elle a été achevée début 2015 à Paris (avec le retrait des 747).
Aucun relâchement des efforts
Compte tenu de la faible visibilité sur le prix du carburant et la recette unitaire en 2016, les axes de travail resteront ceux déjà annoncés : renforcement des partenariats pour la desserte de l’Asie, volonté d’étendre la coopération avec Etihad à du partage de recettes, développement de Transavia et renforcement de la maintenance, activité très en forme. Le réseau en propre restera régi par une discipline stricte des capacités, en croissance de 1 à 1,4% à l’échelle du groupe, avec un fort développement de 15% de Transavia, une croissance de plus de 2% chez KLM mais une réduction chez Air France, liée au retrait anticipé des A340 et à l’annulation des 787 notamment. Toutefois, « si des accords sont signés avec les personnels, on pourra revenir à un niveau de croissance équivalent à celui de KLM », promet Alexandre de Juniac.
En effet, « la baisse du carburant ne change pas notre position compétitive par rapport à nos concurrents », explique Alexandre de Juniac, et la réduction des coûts reste un préalable à la croissance. Les modalités du nouveau plan de départs volontaires pour 2016 seront présentées le 26 février en CCE et de nouvelles négociations avec le personnel auront lieu en mars.