Air France-KLM évolue dans un environnement difficile. Grâce aux accomplissements du plan Transform, aux premiers effets de Perform, à la baisse du prix du carburant et à un taux de change avantageux, le groupe avait réussi à publier un résultat positif en 2015 et un bon premier trimestre. La tendance s’est affaiblie mais s’est poursuivie au deuxième trimestre et Air France-KLM a certes conclu un premier semestre avec un chiffre d’affaires en baisse de 2,6% mais les autres indicateurs sont en amélioration. Le résultat d’exploitation est revenu au positif et le résultat net est passé d’une perte de 638 millions d’euros à une perte de 114 millions d’euros.
Le plus positif pour la compagnie est la persistance de la faiblesse des prix du carburant, qui allège la facture pétrole. « Pour la première fois au deuxième trimestre 2016, la contribution relative des couvertures est positive. Air France-KLM va maintenant commencer à vraiment profiter de la baisse des prix », a souligné Pierre-François Riolacci, le directeur financier du groupe (sur le départ). Par ailleurs, les coûts de personnel ont été réduits de 2,7% sur la période, notamment grâce à une diminution des effectifs de 2 000 équivalents temps plein. Et les coûts unitaires ont baissé de 1,5% à données constantes, « en avance sur l’objectif annuel de -1,2% ».
Le trafic point-à-point vers la France devrait perdre 10% en juillet-août
Cependant, le second semestre s’annonce plus ardu. La pression sur les recettes unitaires ne se relâche pas, loin s’en faut. Jusqu’alors compensée par les effets de change, elle est aggravée par le retournement de ce taux de change (redevenu défavorable), la situation de surcapacité dans l’industrie, la faiblesse de l’environnement économique globale et l’incertitude géopolitique (Brexit, attentats). Une situation dont pâtissent tous les acteurs mais, pour Air France, elle est aggravée par la perte d’attractivité de la destination France. Si les vols en correspondance via Roissy semblent se maintenir, les vols point-à-point vers la France, notamment en provenance de l’Asie (et surtout du Japon), subissent les effets des attaques terroristes. Pierre-François Riolacci indique que le trafic de la période de pointe de l’été à destination de la France devrait perdre 10%.
Par ailleurs, la grève du personnel navigant commercial d’Air France, qui a débuté le 27 juillet, devrait avoir un impact de plusieurs dizaines de millions d’euros sur les comptes, « certainement plus que les pilotes ».
Les inquiétudes de KLM portent davantage sur le Brexit, l’activité moyen-courrier de la compagnie étant très exposée au marché britannique. Contrairement à ce qui se passe chez Wizz Air ou Ryanair, KLM n’envisage pas à court terme de modifier sa politique car le trafic de correspondance vers le Royaume-Uni est bon.
Concernant l’activité cargo, la restructuration se poursuit et, malgré la surcapacité structurelle, elle a réussi à améliorer de 21 millions d’euros le résultat d’exploitation sur le premier semestre et se trouve en bonne voie pour atteindre son objectif d’équilibre en 2017.
Si la visibilité manque pour faire des prévisions sur le second semestre, Air France-KLM estime qu’il ne pourra plus garder une partie des économies réalisées par le carburant et qu’elles seront dépassées par les pertes entraînées par la baisse de la recette unitaire. Malgré tout, le groupe s’attend à rester positif sur l’année.