« Les aéroports vivent la vie de leurs clients », a annoncé d’entrée de jeu Augustin de Romanet le 29 juillet lors de la présentation des résultats semestriels du groupe ADP. Celui-ci n’a donc pas été épargné par les « turbulences politiques, économiques et sociales », qui ont été nombreuses au premier semestre. Ainsi, le groupe publie un chiffre d’affaires en légère baisse de 0,5% à 1,4 milliard d’euros et un résultat net en retrait de 23,7% à 127 millions d’euros. Pour le reste de l’année, s’il maintient ses prévisions de trafic et de résultat opérationnel, ADP s’attend davantage à un « léger retrait du résultat net » par rapport à 2015, malgré sa croissance organique.
Si le trafic s’est bien tenu au premier semestre (+2,3% au niveau du groupe et +1,5% à Paris), le chiffre d’affaires a pâti d’une modification du mix trafic qui n’avait pas été anticipée. Le secteur international a enregistré un léger recul de 0,3%, touchant principalement l’Asie en raison d’une désaffection de la destination France de la part des passagers japonais et de la suspension de la liaison vers la Malaisie. Cette baisse de trafic a été compensée par une forte hausse de l’activité low-cost, notamment à Orly, mais l’impact sur les achats s’est fait sentir. Le chiffre d’affaires par passager a baissé de 8,3% et les activités commerciales sont en retrait de 2,3% (6,6% dans les boutiques côté piste), également freinées par un effet de change défavorable.
Coup d’arrêt de la croissance de TAV
L’une des activités les plus dynamiques du groupe ADP connaît de grosses difficultés : TAV Airports subit de plein fouet la situation en Turquie. Si le trafic a crû de 2,8% au premier semestre, se maintenant à Atatürk mais déjà en baisse en Tunisie, l’impact de l’instabilité en Turquie s’est déjà fait sentir sur les finances du groupe : le chiffre d’affaires est en baisse de 1%, l’EBITDA de 11,9% et le résultat net de 64,3%.
Encore ce bilan ne prend-il pas en compte la période suivant l’attentat perpétré dans l’aéroport d’Atatürk le 28 juin et la tentative de coup d’état du 15 juillet. Tous ces événements ont poussé TAV à revoir ses prévisions pour l’année, avec un chiffre d’affaires stable, une baisse de 8 à 10% de l’EBITDAR et une chute importante du résultat net, associés à une diminution de 20% du trafic international à destination d’Istanbul – les prévisions tablaient précédemment sur une croissance de 7 à 9% de tous ces indicateurs, sauf le résultat net qui devait s’améliorer de 10 à 12%.
Dans ces conditions, et après le lancement du programme Connect 2020 de maîtrise des coûts, le groupe ADP maintient ses prévisions pour 2016. « Nous ne révisons pas les perspectives de trafic pour l’été et le second semestre ; il ne devrait pas connaître d’effondrement comme en novembre et décembre 2015 », a conclu le président du groupe ADP, Augustin de Romanet. Elles restent donc à une hausse de 2,3%, parallèlement à une légère croissance de l’EBITDA. En revanche, il tire un trait sur l’attente d’une hausse d’au moins 10% du résultat net et le prévoit plutôt en « léger retrait ».