Le compte à rebours est lancé et Alitalia n’a plus que six mois avant d’être liquidée. Après le rejet par référendum de son ultime plan de relance, Alitalia a annoncé le 2 mai qu’elle avait engagé la procédure pour se placer sous le régime d’administration extraordinaire prévu par la loi italienne. Un commissaire doit être nommé, qui aura 180 jours pour déterminer si la compagnie peut être revendue (partiellement ou en entier) ou si elle doit être liquidée.
Si Alitalia frôle la faillite tous les quatre ans, elle semble n’avoir jamais été autant au bord du gouffre. Ses problèmes financiers chroniques ont découragé Air France et désormais Etihad, et il est difficile d’imaginer qu’une autre compagnie soit tentée de s’y casser les dents, en tout cas d’y risquer un investissement sérieux. D’ailleurs, le groupe Lufthansa a d’ores et déjà coupé court aux rumeurs qui le présentaient comme possible repreneur au lendemain du vote.
Le placement sous administration extraordinaire intervient alors que les salariés de la compagnie ont rejeté (à 67%) le 24 avril l’ultime plan de sauvetage présenté par les actionnaires. Il proposait d’injecter deux milliards d’euros pour recapitaliser Alitalia et soutenir une lourde restructuration, qui prévoyait notamment une réduction de 1 700 postes et une baisse des salaires de 8% en moyenne. Des mesures drastiques qui ne représentaient pourtant que le tiers des économies à réaliser, selon le conseil d’administration.
Mais si les salariés ne sont pas prêts à davantage d’efforts, les actionnaires (Etihad et les banques Intesa et Unicredit) non plus. Pas plus que l’Etat, qui a lui aussi mis régulièrement la main à la poche – Alitalia a déjà coûté plus de 7 milliards d’euros au contribuable italien – et a exclu toute nationalisation. Tout juste est-il prêt à la soutenir dans ses derniers mois d’existence avec un prêt autour de 400 millions d’euros, sous réserve de l’accord de l’Union européenne. Car, perdant un demi-million d’euros par jour, elle n’a de trésorerie que pour deux semaines d’opérations.
Selon les médias italiens, la faillite d’Alitalia menace 20 000 emplois, ses 12 500 salariés et 8 000 autres au sein de ses sous-traitants.