Ryanair a publié le 30 mai ses résultats annuels pour l’année fiscale 2017. La low-cost irlandaise est toujours en croissance, avec un chiffre d’affaires de 6,65 milliards d’euros en hausse de 2% et une amélioration de ses bénéfices de 6% à 1,316 milliard d’euros. Michael O’Leary, le président de la compagnie, a souligné que la performance était très satisfaisante car elle s’inscrit dans un contexte incertain caractérisé par la désaffection des touristes pour l’Afrique du Nord, la Turquie et l’Egypte et une Europe déstabilisée par la menace sécuritaire et le Brexit.
Pour stimuler son activité, Ryanair a donc poursuivi sa stratégie traditionnelle de baisse des prix. Ainsi, le tarif moyen des billets sur l’année a diminué de 13% à 41 euros. L’impact a été partiellement compensé par la baisse parallèle des coûts (-11%) et l’augmentation de son trafic : Ryanair a franchi le cap des 120 millions de passagers, soit une hausse de 13% par rapport à 2016.
Mais la stratégie de Ryanair ne se limite pas à cela. Depuis quelques années, Ryanair travaille à proposer des services à ses passagers et ceux-ci s’élargissent de plus en plus, jusqu’à donner l’ambition à la compagnie de devenir l’Amazon du voyage. Durant l’année qui vient de passer, la low-cost a notamment lancé Ryanair Sun, une filiale charter avec un AOC et des équipes polonais qui exploitera cinq avions cet été et montera sa flotte à quinze appareils l’été prochain. L’objectif est de devenir la première compagnie charter du pays.
De grands chantiers de développement pour les prochains mois
Durant l’année fiscale 2018, Ryanair restera tout aussi active. Elle a déjà annoncé qu’elle allait tester le principe de hub à Rome et à Madrid en introduisant des opportunités de correspondance en Italie et en concluant un accord avec Air Europa pour alimenter ses vols long-courrier en Espagne.
Mais surtout, elle souhaite en effet profiter des difficultés et restructurations en cours chez ses concurrentes traditionnelles – en Italie, en Allemagne, en Roumanie et en Pologne – pour se renforcer sur leurs marchés. Elle a donc élargi à de nouveaux aéroports ses ambitions et ses négociations. Si elles aboutissent, son problème viendra de la taille de sa flotte : « nous jonglons avec plus d’opportunités en 2018 et 2019 que notre programme de flotte actuel ne peut en soutenir » – elle compte aujourd’hui 398 appareils et devrait atteindre 427 appareils en mars 2018 (la fin de son année fiscale 2018). Des négociations sont donc également en cours avec Boeing pour accélérer la croissance de la flotte en prolongeant les contrats de location d’une dizaine de 737-800 qui doivent expirer d’ici mars 2019 et en se positionnant sur les éventuels slots vacants dans les 24 prochains mois.
Cette croissance aura un impact sur les emplois. Ryanair prévoit de recruter un millier de personnes (comme sur l’année fiscale 2017 qui vient de s’écouler) pour rejoindre ses pilotes, PNC, ingénieurs et développeurs.
La prudence reste de mise
Si Ryanair vise les 130 millions de passagers transportés sur l’année fiscale 2018, elle n’en reste pas moins consciente que la situation actuelle du transport aérien en Europe ne va pas lui faciliter la tâche. Le Brexit introduit une grande incertitude pour l’après-mars 2019, notamment parce que le maintien d’un ciel ouvert entre le Royaume-Uni et l’Europe semble remis en cause. Pour limiter son exposition, Ryanair va donc s’en tenir à ce qu’elle a déjà annoncé au sujet de sa présence dans le pays : elle restera mais focalisera sa croissance ailleurs en Europe. Elle s’est également déjà préparée pour assurer son agilité en cas de « hard Brexit » et des perturbations qu’il pourrait entraîner à partir de mars 2019.
Par ailleurs, elle indique qu’elle n’a aucune visibilité sur son activité pour le second semestre de son année fiscale. Si les réservations se sont bien tenues au premier semestre, les tarifs restent bas, notamment à cause de la faiblesse de la livre sterling et de la surcapacité. Ils devraient baisser de 5 à 7% sur l’année, avec un maintien du niveau des recettes auxiliaires. La réduction attendue de la facture carburant devrait soutenir cet effort sur les tarifs.
Ryanair table ainsi malgré tout sur une augmentation de 8% de son bénéfice sur l’année, à 1,4 voire 1,45 milliard d’euros, hors événement inattendu.