Onze jours après que les salariés d’Air France ont rejeté la proposition d’accord présentée par leur direction, Jean-Marc Janaillac tire sa révérence. Le PDG d’Air France-KLM et président d’Air France a officiellement remis sa démission aux conseils d’administration du groupe et de la compagnie française le 15 mai. En attendant la nomination de son successeur, le conseil d’administration d’Air France-KLM a mis en place une gouvernance de transition. Anne-Marie Couderc a ainsi été nommée pour assurer la fonction de présidente non-exécutive du conseil d’administration du groupe et du conseil d’administration d’Air France.
L’ancienne secrétaire d’Etat chargée de l’Emploi puis du Travail et des Affaires sociales dans le gouvernement Juppé avait rejoint le conseil d’administration d’Air France-KLM en 2016 en tant qu’administratrice indépendante, présidente du comité de nomination et de gouvernance et membre du comité d’audit. Elle restera à la tête du groupe le temps de former une gouvernance pérenne, « période qui devra être la plus brève possible », selon le communiqué publié par le groupe.
D’ici-là, elle sera épaulée par un comité de direction collégiale au sein d’Air France-KLM. Il sera composé de Frédéric Gagey, directeur général adjoint en charge des Finances qui fera fonction de directeur général du groupe, de Franck Terner, directeur général d’Air France et de Pieter Elbers, président du directoire de KLM. « Le Conseil leur demande de poursuivre les travaux déjà engagés sur les axes du plan stratégique à moyen terme d’Air France-KLM, qui seront proposés à la gouvernance pérenne du Groupe. Pour ma part, je veillerai plus particulièrement à renforcer la cohésion du Groupe pendant toute cette période », souligne Anne-Marie Couderc.
La démission de Jean-Marc Janaillac fait suite au rejet par les salariés d’Air France d’un projet d’accord proposant une augmentation générale de 7% des salaires sur quatre ans, dont deux dès 2018, en plus des augmentations individuelles. Lors de l’annonce de la consultation, le PDG d’Air France-KLM avait mis son poste en jeu, indiquant qu’il tirerait toutes les conséquences d’un refus. Ce qu’il a fait le 4 mai au soir, lorsque le non l’a emporté à 55,44%.
Le conseil d’administration va désormais devoir trouver quelqu’un prêt à affronter la fatigue et la colère de salariés usés par des années d’efforts et désireux de profiter du sursaut de croissance que la compagnie a connu en 2017. Jean-Marc Janaillac devait par ailleurs présenter un nouveau plan stratégique en juin, axé sur la croissance, mais qui devra connaître des réaménagements. Car la transition dans la gouvernance risque de ne gratifier la compagnie que d’une trêve dans un conflit social qui a provoqué 15 jours de grève et au moins 300 millions d’euros de pertes depuis février. D’ailleurs, le conseil d’administration d’Air France-KLM souligne clairement que la direction d’Air France ne peut pas prendre de décision « qui remettraient en cause la stratégie de croissance approuvée par le Conseil d’administration d’Air France-KLM », excluant toute possibilité de négociations avec les syndicats durant cette période.
Pour la succession, le comité de nomination et de gouvernance n’écarte aucune piste, interne ou externe, pour formuler ses recommandations au conseil d’administration.