Nouveau gouvernement en Italie, nouvelle attitude envers Alitalia. Matteo Salvini, le secrétaire fédéral de la Ligue du Nord fraîchement nommé vice-président du Conseil des ministres et ministre de l’Intérieur, a exclu toute idée de démantèlement d’Alitalia pour faciliter sa vente. « La seule chose qu’on ne doit pas faire est de la vendre en petits morceaux », a-t-il déclaré. Il a ajouté que la possibilité d’une nouvelle intervention de l’Etat restait ouverte si nécessaire.
Le gouvernement estime en effet que le pays ne peut pas se passer d’une compagnie nationale forte. Il rompt avec la lassitude du précédent, qui était prêt à laisser Alitalia faire faillite si le processus de vente échouait, afin qu’elle ne pèse plus sur les finances du pays – tout en lui accordant une ultime rallonge de 900 millions d’euros, somme qui n’aurait officiellement presque pas été entamée.
Le sauvetage d’Alitalia est un serpent de mer avec lequel les gouvernements italiens ont dû composer depuis quinze ans. Malgré la création de la nouvelle Alitalia en 2009 (reprise in extremis par la CAI de Roberto Colaninno après l’échec d’une première tentative de privatisation) puis d’une encore plus nouvelle en 2014 (avec une prise de participation de 49% par Etihad), la compagnie est toujours aussi en difficulté. Lorsque les salariés refusent un ultime plan de sauvetage présenté par la compagnie d’Abou Dhabi en avril 2017, celle-ci se refuse à poursuivre ses investissements et la procédure de sauvegarde est activée le 2 mai. Elle est désormais dirigée par trois commissaires.
Initialement, le processus de vente devait durer six mois et être finalisé en octobre 2017. Depuis, la date a été repoussée plusieurs fois. A mai 2018 tout d’abord, pour avoir le temps d’étudier toutes les propositions, puis à octobre 2018, les candidats au rachat voulant être fixés sur la situation politique en Italie avant de poursuivre un processus, qui aurait risqué d’être remis en cause.
Plusieurs offres ont été formulées, trois ont été retenues, dont une de Lufthansa et une d’easyJet associée au fonds Cerberus. Wizz Air était également évoquée parmi les potentiels intéressés mais Jozsef Varadi, son CEO, a clairement exclu toute participation de sa compagnie à la vente au début de la semaine : « Alitalia ne m’intéresse pas dans son ensemble, seuls certains actifs m’intéressent, comme ses slots à Milan. Elle n’est pas performante financièrement, hyper syndiquée, pas efficace et trop liée aux politiques. Qui va acheter cela ? Personne. » Pas en l’état en tout cas. Lufthansa a déjà indiqué que son intérêt ne se maintiendrait que si le gouvernement s’engageait sur une lourde restructuration de la compagnie.