Désormais liée à Air Madagascar, Air Austral voit l’avenir en plus grand. Dix mois après la signature de leur accord stratégique, leur collaboration a permis la remise en service des appareils d’Air Madagascar qui étaient cloués au sol depuis un an, une remise à niveau du réseau de la compagnie malgache et une restructuration qui a vu la naissance d’une nouvelle entité, Tsaradia, chargée du secteur domestique. Maintenant que les bases sont rétablies pour Air Madagascar, les deux partenaires réfléchissent ensemble au renouvellement de leur flotte. Les discussions vont bon train avec les grands avionneurs aussi bien pour la flotte long-courrier que moyen-courrier. Mais si des décisions sont attendues rapidement, elles pourraient être remises en question par la menace que pourrait représenter l’arrivée d’une seconde compagnie low-cost long-courrier sur l’axe Paris – La Réunion.
« Nous ne pouvons pas exclure le positionnement d’une nouvelle low-cost long-courrier entre Paris et La Réunion. C’est normal, c’est un marché millionnaire », estime Marie-Joseph Malé, le PDG d’Air Austral. L’arrivée de French bee a fait du mal à Air Austral, qui a qualifié l’année 2017 de « violente pour nous ». Elle s’était préparée largement en amont et avait axé sa riposte sur la différenciation : avec une montée en gamme du produit, une diversification de son réseau, le développement des correspondances. Les résultats ont été meilleurs que prévu puisque la compagnie réunionnaise a réussi à publier un bilan à l’équilibre quand elle s’attendait à des pertes.
Désormais Marie-Joseph Malé redoute l’arrivée de Norwegian ou LEVEL sur la ligne. « Nous ne pourrons alors plus continuer la stratégie de différenciation. Le premier choc a été rude, le deuxième risque de l’être aussi, il faudra réfléchir à des scénarios plus de rupture que ce à quoi on a pu penser jusqu’à présent », prévient-il, sans exclure la possibilité de revenir à un modèle régional, centré sur l’Océan indien.
Tout en gardant un oeil alerte sur ce danger, Air Austral travaille au renouvellement de sa flotte et de celle d’Air Madagascar. Le plan comporte deux volets : le long-courrier et le moyen-courrier. En ce qui concerne le long-courrier, les deux compagnies sont en discussions avancées avec Airbus et Boeing pour intégrer des A350 ou des 787 (toutes les versions sont envisagées) en remplacement des A340 d’Air Madagascar et des 777 puis des 787 d’Air Austral. Leur objectif est de présenter les propositions dans leurs conseils d’administration respectifs à la fin de l’année ou au début de l’année prochaine et de prévoir des livraisons progressives (le remplacement des 787 n’est pas urgent) à partir de 2023.
Pour le moyen-courrier, le calendrier est plus rapproché. « Si nous voulons renforcer notre desserte régionale, nous devons faire le bon choix rapidement », estime Marie-Joseph Malé. « Nous recommanderons un choix d’ici la fin de l’année », poursuit-il. Air Austral et Air Madagascar exploitent toutes deux des 737 (trois -800 et un -300) mais elles envisagent toutes les possibilités : 737 MAX, A320neo, mais aussi A220 et Embraer E2. Elles espèrent pouvoir lancer le renouvellement dès la fin de l’année 2020.