Alors que nous sommes à la date-butoir pour le dépôt des offres d’acquisition pour Alitalia, celles-ci se font attendre. Seuls les chemins de fer italiens, Ferrovie dello Stato Italiane, ont officiellement annoncé le 30 octobre qu’ils allaient présenter une proposition pour la reprise de la compagnie italienne et de sa filiale Alitalia Cityliner. Sans plus de détails.
Le dossier reste donc encore dans le flou. Selon la presse italienne, ce projet, poussé par le gouvernement italien, impliquerait des partenariats avec un groupe italien et un autre international, issu du secteur du transport aérien. Il risque d’être difficile à réaliser car les industriels italiens ne se bousculent pas pour aller s’embourber dans le sauvetage de leur compagnie nationale. Des grands comme la poste italienne, la caisse des dépôts, ENI ou Leonardo ont fait savoir qu’ils n’avaient pas l’intention de s’impliquer dans le dossier.
A l’étranger, l’enthousiasme n’est pas délirant non plus. Le groupe Lufthansa, candidat le plus sérieux, répète depuis l’annonce du processus de mise en vente qu’il ne serait intéressé que si Alitalia était profondément restructurée, ce qui entraînerait des suppressions d’emplois – ce qui n’est pas du goût de l’actuel gouvernement. Lundi, Carsten Spohr, le président du groupe, a par ailleurs affirmé qu’il était hors de question pour Lufthansa d’investir dans Alitalia si la compagnie continuait à être partiellement détenue par l’Etat. Or Ferrovie dello Stato Italiane est une entreprise publique et l’Etat envisage de conserver une participation de 15%. Reste easyJet, qui s’était déclarée intéressée par une Alitalia restructurée dans le cadre d’un consortium.
Pour rappel, Alitalia avait été placée sous tutelle en mai 2017 après le rejet par les salariés d’un plan de restructuration proposé par son actionnaire principal Etihad. Depuis, l’Etat italien cherche un repreneur. Le gouvernement de l’époque, présidé par Paolo Gentiloni (parti démocrate), devait le trouver et avait expliqué qu’Alitalia avait déjà coûté trop cher aux contribuables italiens (près de 10 milliards d’euros en vingt ans) pour que l’Etat vienne à son secours – tout en lui accordant un prêt-relais pour qu’elle puisse poursuivre ses opérations pendant le processus d’acquisition – et qu’elle serait liquidée si aucun repreneur n’était trouvé. La date-butoir, fixée initialement au 30 avril 2018, avait par la suite été repoussée au 31 octobre 2018 en vue des élections législatives de mai. Le gouvernement Conte est moins enclin à laisser la compagnie couler, ne veut pas entendre parler d’importantes suppressions d’emplois et envisage donc un nouveau plan de sauvetage (celui qui implique Ferrovie dello Stato Italiane et le maintien d’une participation de l’Etat). Le temps presse : Alitalia doit rembourser son prêt-relais d’ici la mi-décembre.