Selon les informations du Figaro, publiées dans son édition du 30 novembre, Ben Smith, le PDG par intérim d’Air France et directeur général d’Air France-KLM, aurait décidé d’abandonner Joon. Le quotidien indique que la disparition de la compagnie hybride serait « actée », bien que l’idée n’ait même pas encore été soumise en conseil d’administration. Air France-KLM a d’ailleurs démenti l’information, dans une déclaration transmise à l’Agefi-Dow Jones : « aucune décision de cet ordre n’a été prise ».
La nouvelle tombe à la veille du premier anniversaire de la compagnie « hybride », née le 1er décembre 2017. La volonté d’Air France était de se doter avec Joon d’un outil aux coûts réduits et plus agile, capable d’opérer certaines liaisons déficitaires d’Air France de façon plus rentable et d’expérimenter des idées et concepts. Elle avait été créée sous l’impulsion de Jean-Marc Janaillac, le précédent président de la compagnie.
La baisse des coûts a été atteinte principalement grâce à des contrats de travail indépendants d’Air France pour le personnel navigant commercial. Les conditions de travail associées sont d’ailleurs une source importante de malaise depuis plusieurs mois au sein de la compagnie. Début novembre, les représentants des syndicats SNPNC et UNSA PNC de Joon avaient écrit à Ben Smith pour l’alerter sur la situation : la multiplication des arrêts maladie, des clauses fatigue, des désertions de poste, départs vers d’autres compagnies et « management punitif » d’une direction qu’ils considèrent comme dépassée par la situation. « Les PNC sont déjà épuisés à peine un an après le lancement des opérations », avaient-ils déploré. Au début de la semaine, face au silence de la direction, ils avaient de nouveau dressé la liste des problèmes : « salaires promis non atteints, hébergement en escale incompatible avec le repos réglementaire, vols dégradés qui décollent avec cinq PNC pour 250 passagers. […] Les plannings sont continuellement publiés en retard, instables et inéquitables. »
Et les perspectives d’évolution ne suffisent plus à motiver le personnel en place ni à convaincre suffisamment de nouveaux candidats. Car avec une rémunération inférieure de 15% au PNC d’Air France, la productivité des PNC de Joon est supérieure, en raison des clauses contractuelles mais aussi d’un manque d’effectif – la situation ayant été particulièrement critique cet été et ayant occasionné le lancement d’une campagne de recrutement de 500 PNC.
Dans la lettre du 26 novembre, les syndicats « revendiquent haut et fort des conditions d’utilisation et de rémunération équivalentes à celles de leurs collègues du Groupe Air France ». Une revendication qui remettrait en question la pertinence même du maintien de la marque. Car hormis la baisse de coûts sur les PNC et leurs baskets, Joon est Air France – avec des pilotes Air France, des opérations sol Air France et des avions Air France.