Le transport aérien est enfin redevenu un « business normal ». Selon l’IATA, les compagnies aériennes devraient enregistrer 35,5 milliards de bénéfices en 2019 – une performance légèrement supérieure à celle de 2018 où les profits sont estimés à 32,3 milliards de dollars et qui pâtit de la comparaison avec l’année record qu’a été 2017. L’année prochaine sera ainsi la dixième année de rentabilité de l’industrie, qui a retrouvé sa fragile santé après le choc de la crise de 2008.
Cette performance est également une bonne nouvelle pour les investisseurs car « c’est la quatrième année que les compagnies aériennes créent de la valeur pour leurs investisseurs au lieu de la détruire comme elles le faisaient auparavant », indique Brian Pearce, Chief Economist de l’IATA, le retour sur capital étant passé au-dessus des coûts du capital en 2014 – du jamais vu depuis au moins 2000. Quant à la marge des compagnies, elle devrait rester stable, autour de 4%.
Celles-ci profitent en effet d’un environnement favorable, avec une économie mondiale qui reste en croissance et dope le remplissage et les yields, parallèlement au soulagement apporté par la récente baisse des prix du carburant due à la surproduction de pétrole. Ses effets se feront toutefois vraiment sentir plus tard en raison des politiques de hedging et la facture globale devrait augmenter de 200 milliards de dollars en 2019.
Mais la forte hausse du début d’année a relancé les stratégies de modernisation de flotte, même si elles sont moins intenses qu’au début de la décennie. Plus de 1 780 appareils ont été mis en service en 2018, la moitié pour remplacer des avions plus anciens. En 2019, la flotte devrait croître d’un millier d’appareils.
La bonne santé du transport aérien s’en ressent sur l’emploi. Les compagnies devraient ainsi augmenter leurs effectifs de 2,2% en 2019 pour dépasser les 2,9 millions d’employés. Le rythme de croissance reste toutefois moins élevé que ces deux dernières années. En revanche, le poids des coûts de personnel augmente encore et devrait gagner 2,1% en 2019, accentuant la pression sur les coûts unitaires. L’IATA estime que seule une récession – qui n’est pas en vue – permettra de faire redescendre les coûts hors-carburant.
Des menaces continuent toutefois de peser sur le transport aérien, même si elles ne font que ralentir sa progression, sans la remettre en cause. On compte parmi elles le protectionnisme et les conflits économiques, par exemple entre les Etats-Unis et la Chine. Selon l’IATA, un renforcement du différend et une augmentation de 25% des tarifs américains ne coûteraient « que » 0,3 point de croissance. Une autre menace vient du Brexit. L’incertitude autour d’un éventuel accord a déjà un impact négatif sur l’économie mais la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne aura un impact sur la croissance économique britannique d’entre 2,8% (en cas d’accord) et 5,5% (en cas de no-deal) d’ici 2030, selon l’Institut national de recherche économique et sociale britannique.
L’IATA observe donc tous ces indicateurs et tous ces potentiels éléments perturbateurs avec un « optimisme prudent », conclue Alexandre de Juniac, le directeur général de l’association.