C’est un cap symbolique qu’Air France-KLM a passé en 2018 et qui a été salué par tous le 9 janvier : le groupe a franchi le seuil des 100 millions de passagers annuels. Une bonne nouvelle, certes, mais à tempérer : elle fait pâle figure à côté des bilans annuels de trafic qu’ont publié IAG et Lufthansa, respectivement les 8 et 10 janvier. Tous deux regardent bien au-delà : le groupe hispano-britannique a en effet transporté près de 113 millions de passagers, quand le groupe allemand en a accueilli 142,3 millions.
En termes de trafic, Air France-KLM a enregistré une croissance de 3,5%, principalement portée par KLM et Transavia. Air France a quant à elle continué sa course d’obstacles, ayant dû passer les grèves du printemps et devant désormais composer avec le mouvement des gilets jaunes – qui a eu un impact estimé à 15 millions d’euros sur les revenus en décembre.
Ainsi, Air France et HOP! ont vu leur trafic augmenter de 1,9% en 2018. Comme ces dernières années, le chiffre a été tiré par l’activité long-courrier d’Air France (+2,3%), tandis que le court et moyen-courrier a continué de stagner. Il faut chercher du côté de KLM pour trouver les meilleures marques de dynamisme dans l’activité « passage réseaux », avec un trafic qui a augmenté de 4% et une bonne performance sur les deux segments.
Quant au succès de Transavia, il se confirme. La low-cost franco-néerlandaise a enregistré une croissance de son trafic de 10,1%, notamment grâce au développement soutenu de Transavia France qui a ajouté cinq appareils à sa flotte cette année. La tendance devrait se poursuivre en 2019 avec l’introduction de cinq 737-800 supplémentaires mais devrait se heurter par la suite à un accord avec les PNT d’Air France qui limite pour le moment sa taille à quarante avions.
IAG accélère
Alors qu’Air France a dû porter toute son attention sur ses activités et ses problèmes en interne ces dernières années, IAG a pu s’engager dans le mouvement de consolidation du ciel européen et en profite aujourd’hui. Ayant intégré Iberia et Vueling puis Aer Lingus, ayant créé LEVEL, le groupe transporte aujourd’hui 112,9 millions de passagers. La hausse du trafic a atteint 7,1%, portée par Iberia (+11,7%), Vueling et Aer Lingus (9,8% chacune). British Airways est moins dynamique avec une amélioration de 3,3%. Les résultats sont toutefois légèrement faussés par les changements de périmètre à l’intérieur du groupe, dus à la création de Level – qui s’ajoute au bilan d’Iberia mais provoque le retrait d’OpenSkies de celui de British Airways.
IAG indique que l’augmentation des prix du pétrole a été compensée par la politique de couverture et de contrôle des coûts et que sa principale préoccupation concerne davantage les problèmes de capacité du contrôle aérien en Europe. Quant au Brexit, le groupe affirme ne pas s’inquiéter et être prêt quoiqu’il arrive le 29 mars, même si Bruxelles n’est pas du même avis.
En 2019, le groupe devrait ajouter vingt-trois appareils nets à sa flotte (seize moyen-courriers et sept long-courriers), ralentissant très légèrement la croissance en nombre d’appareils mais poursuivant le renouvellement. Parmi les événements phares de 2019 figure la livraison des quatre premiers A321LR d’Aer Lingus et le lancement du retrait des A340 d’Iberia.
Lufthansa caracole toujours en tête
Quant au groupe Lufthansa, il continue sans peine la course en tête. Il a accueilli 142,3 millions de passagers sur ses lignes en 2018, une croissance de 10% qui lui permet de garder le dessus sur Ryanair, seul groupe en mesure de lui ravir sa première place (mais qui a transporté 139,2 millions de passagers en 2018). Si Lufthansa elle-même n’a enregistré qu’une croissance de trafic de 4,5% (supérieure à Air France et British Airways), Swiss et Austrian Airlines ont été plus dynamiques avec des hausses autour des 10%.
Eurowings se démarque encore davantage. La compagnie low-cost a enregistré une croissance de trafic de 23,4% (22,3% sur le moyen-courrier et 25,4% sur le long-courrier). Elle a été portée par l’intégration des capacités d’Air Berlin (qui a augmenté la flotte de 80 appareils) et l’introduction de Brussels Airlines à son périmètre.