Dans un contexte bien moins favorable que les années précédentes, Air Caraïbes et Frenchbee sont parvenues à tirer des résultats positifs de leurs activités. Mais Jean-Paul Dubreuil ne veut pas s’en contenter : « ces résultats ne nous satisfont pas car ils ne sont pas au niveau de ce que nous avons connu avant. » Concurrence renforcée sur les Antilles, pétrole cher et aléas d’exploitation ont terni le bilan mais la tendance pour 2019 est bonne et les deux compagnies continuent de travailler à la modernisation de leur flotte.
Air Caraïbes a enregistré un chiffre d’affaires de 482 millions d’euros, en hausse de 10,3%. Malgré l’arrivée de LEVEL sur les Antilles, le renforcement d’Air France sur Pointe-à-Pitre et ses propres capacités supplémentaires, la compagnie a réussi à maintenir ses parts de marchés et à augmenter son taux de remplissage. Mais la baisse des prix a rogné sa recette unitaire, qui a baissé de 1,5%.
Son résultat opérationnel a perdu 22,5% à 19,6 millions d’euros, en raison de la force du dollar et de la facture carburant mais aussi de problèmes moteurs survenus sur un A330 au mois de décembre (dans un contexte de pénurie de moteurs de rechange), qui ont engendré des dépenses imprévues de 6 millions d’euros – notamment en raison des règles européennes en matière d’indemnisation.
Pour améliorer son efficacité, Air Caraïbes va poursuivre la modernisation de sa flotte. Le dernier ATR 72-500 va être retiré cette année pour ne plus garder que trois ATR 72-600 dans la flotte. Mais le grand événement de l’année surviendra en décembre, avec la livraison du premier A350-1000, dont elle est la compagnie de lancement en France. L’appareil sera affecté à la desserte des liaisons historiques d’Air Caraïbes, entre Orly, Pointe-à-Pitre et Fort-de-France, où il ne suffira pas à absorber la croissance de la demande, selon Patrick Malval, son président.
L’A350-1000 offrira quarante sièges de plus que les A350-900 aujourd’hui, soit 429. Forte du succès de sa classe affaires (Madras), Air Caraïbes a décidé d’augmenter le nombre de fauteuils (Equinox 3D de Stelia Aerospace) à 24 (au lieu de dix-huit sur la version 900). La premium economy gardera 45 places mais sera aménagée différemment. La compagnie a en effet décidé d’adopter la même configuration à sept sièges Zim de front que sur ses A330 rénovés et sur les A350-900 de Frenchbee, car « c’est un meilleur produit que sur nos A350-900 et il est plus efficace », indique Marc Rochet, directeur général du groupe Dubreuil Aéro. La classe économique gagne quant à elle 34 sièges.
Pour 2019, les perspectives sont très bonnes. Air Caraïbes attend une reprise de la recette unitaire (elle était à +3,3% en février) et vise une croissance de 8,7% de son chiffre d’affaires, assortie d’une hausse de près de 35% de son résultat opérationnel et de 50% de son résultat net. Se rapprochant de l’équilibre sur le régional, les résultats seront de nouveau tirés par la croissance du long-courrier.
Frenchbee
Le scénario est assez proche chez Frenchbee. Le pétrole, une première année pleine d’exploitation sur la Réunion (avec un premier semestre traditionnellement difficile) et les coûts de lancement de la ligne Paris – San Francisco – Papeete ont pesé sur les résultats. Le chiffre d’affaires a certes plus que doublé (à 147 millions d’euros) mais le résultat opérationnel est tout juste à l’équilibre (contre un bénéfice de 4,5 millions en 2017). Mais là aussi les perspectives sont bonnes : le chiffre d’affaires devrait augmenter d’un tiers et le résultat opérationnel visé est à plus de six millions d’euros.
2019 sera une année de rationalisation de la flotte et de consolidation du réseau. Elle sera marquée par l’introduction d’un nouvel A350-900, qui portera la flotte à trois A350 et permettra le retrait de l’A330-300 qui avait permis le lancement des opérations en 2017 (il sera transféré à Air Caraïbes). Ensuite, la low-cost long-courrier ajoutera un avion et une destination par an. Un nouvel A350-900 sera ainsi intégré en 2020 puis deux A350-1000 en 2021 (livraison prévue en juin) et 2022. Les A350-1000 compteront 480 places (contre 411 sur A350-900), dont 35 de premium economy. Il permettra une réduction de 9% des coûts d’exploitation donc d’être plus agressif sur les prix.
Face aux récentes faillites de Primera Air et de Wow Air, Frenchbee ne s’inquiète pas. « Le low-cost, c’est la voie de l’avenir mais il faut être extrêmement rigoureux, avoir un modèle finement taillé et ne pas en dévier ; le moindre détail négligé ne pardonne pas », explique Marc Rochet, qui estime que ces compagnies ont péché en vouloir croître trop rapidement.