Après des semaines d’agonie, Jet Airways a succombé à ses difficultés. Ayant échoué à obtenir un financement d’urgence pour poursuivre les opérations qui lui restaient, elle a annoncé qu’elle suspendait, temporairement dit-elle, tous ses vols, domestiques et internationaux. Incapable de régler son carburant et les services critiques à l’exploitation, sa dernière rotation a eu lieu le 17 avril.
Jet Airways s’est pourtant battue pour trouver des financements, temporaires et plus pérennes, pendant des mois. Mais aucun accord n’a pu être trouvé, pas même avec le consortium de créanciers mené par la State Bank of India, qui est entré au capital de la compagnie en mars par la conversion d’une partie de la dette en action en mars, a évincé son fondateur Naresh Goyal et promis de restructurer la compagnie et de débloquer 218 millions d’euros en urgence.
La dernière lueur d’espoir est l’aboutissement du processus d’appel d’offres lancé par la SBI et son consortium la semaine dernière. « Des expressions d’intérêt ont été reçues et des propositions ont été soumises aux bénéficiaires admissibles aujourd’hui », indique Jet Airways. Elles doivent notamment comporter un plan de relance rapide. Le processus se terminera le 10 mai.
Jet Airways a plus d’un milliard de dollars de dette. Ses soucis ont débuté il y a longtemps, avec l’acquisition difficile d’Air Sahara, qui a coïncidé dans le temps à la montée des compagnies low-cost. Le marché indien étant en constante expansion mais caractérisé par une clientèle très sensible au prix, la lutte de Jet Airways en tant que compagnie premium semblait sans issue, malgré la création de Jetlite, dont les coûts restaient trop élevés par rapport à ses concurrentes.
Récemment, le niveau des prix du carburant et la faiblesse de la roupie ont achevé de lui faire perdre pied. Elle avait tout de même réussi à maintenir sa position de numéro deux jusqu’à février. Mais les sociétés de leasing à qui appartenaient la majorité de ses appareils ont fini par l’abandonner les unes après les autres en raison de son incapacité à régler ses loyers. Les immobilisations régulières d’avions n’ont cessé d’affaiblir son réseau et son programme de vols, la situation devenant complètement désespérée avec l’arrêt des vols internationaux la semaine dernière. Sa flotte est passée de 120 à sept appareils en trois mois. C’est également un coup dur pour Boeing, auprès de qui elle avait commandé 125 737 MAX et dix 787-9.
Une bien triste façon de fêter son vingt-cinquième anniversaire…