Après plusieurs années passées à faire des tests et à attendre que la technologie soit mature, Air France est résolument engagée dans son programme d’installation d’une connectivité sur l’intégralité de sa flotte. L’arrivée des premiers Boeing 787 a donné le la et lancé l’installation sur la flotte long-courrier (777-300ER et A330 à l’occasion du programme de réaménagement des cabines) mais la flotte moyen-courrier n’est pas en reste. En octobre dernier, la compagnie française a conclu un accord avec Global Eagle et Orange Business Services pour déployer une solution en bande Ku sur 113 appareils de la famille A320. Depuis, les installations vont bon train.
Le projet a été lancé en 2017 avec le lancement d’un appel d’offres consécutif à un test de trois mois sur deux appareils de la solution de Global Eagle et Orange. Les chantiers ont débuté dès la fin de l’année 2018, avec une certification réalisée sur A319. « Le projet avance bien. Nous avons vingt-quatre appareils équipés à ce jour et dix vols activés », nous a confirmé Eric Ginon, le responsable du projet chez Air France Industries, ajoutant que cinquante-quatre monocouloirs au total seront modifiés en 2019. « Fin juillet, nous allons réaliser le premier prototype A318. C’est un avion particulier, assez différent du reste de la famille, notamment au niveau de la dérive, un nouvel STC sera nécessaire pour couvrir la certification de ce type avion. »
Un vaste chantier de modification synergie Roissy Toulouse
Afin de ne pas augmenter le flux logistique d’AFI KLM E&M de Roissy, la division maintenance du groupe a choisi de coordonner la réception des kits de modification depuis Roissy et leurs réceptions physiques sur le centre de Toulouse. Le centre logistique de Toulouse gère également leur répartition entre les différents sites de production. « Le principal est le centre Air France Industries ‘La Croix du Sud’ à Toulouse. Tous les prototypes seront faits là-bas », indique Eric Ginon. Mais plusieurs autres sites Air France Industries KLM Engineering & Maintenance viendront appuyer Toulouse, notamment celui d’ATI à Casablanca.
Actuellement, Air France Industries est en pleine phase d’industrialisation. L’installation de l’antenne triaxiale en bande Ku de Global Eagle et des systèmes associés demande entre cinq et dix jours, en fonction des difficultés que les équipes rencontrent. « Sur la partie structure, nous avons besoin de deux ou trois jours. Nous suivons la norme ARINC 791 : nous venons nous attacher sur sept points d’ancrage au niveau de l’avion, les efforts de ces points d’ancrage sont ensuite renvoyés au niveau de la structure primaire de l’avion. La procédure est rôdée. Le plus long, c’est la partie câblage. Il y a des différences en fonction de l’âge des avions y compris pour le même type avion, des petites subtilités, des routages dans les câblages… Il faut s’adapter à chaque fois, c’est un petit peu plus complexe. »
Pour limiter l’impact sur les opérations, Air France Industries essaie d’intégrer au maximum les chantiers de modification à des grandes visites de maintenance. Mais la société ne peut pas éviter quelques « arrêts secs ».
Une activation qui prend du temps, garantie du meilleur service aux passagers
Si vingt-quatre avions sont techniquement prêts à offrir de la connectivité à leurs passagers, ces derniers ne peuvent pour le moment se connecter que dans dix d’entre eux. « Dès que la modification de l’avion est faite, les mises à jour des softs commencent. Ces mises à jour se font au sol avant la procédure d’activation au travers de l’antenne GSM du système. C’est long parce qu’il y a beaucoup de données et de contenus. » Eric Ginon indique ne pas avoir encore connu de panne hardware et que les problèmes de mise en service du produit viennent principalement des niveaux de « firmware » des équipements- un problème à gérer avec Global Eagle et le détenteur du STC. Elle est d’autant plus complexe à gérer qu’il faut pouvoir accéder aux avions pour la faire. Or les avions volent beaucoup, ne pouvant pas forcément être remplacés par un avion de réserve. « Cela fait partie des difficultés aujourd’hui. »
Air France Industries se prépare également à d’éventuelles pannes d’équipement. « Nous sommes sûrs que cela va arriver un jour ou l’autre. Nous avons mis en place un stock de pièces de rechange mais nous rencontrerons le même problème d’accès aux avions : nous ne les avons que de nuit, sur deux sites. Cette partie-là s’est mise en place et commence à se rôder. »
Air France prévoit que toute sa flotte sera connectée en 2020. L’installation progresse bien sur le long-courrier également, cette portion de la flotte étant équipée d’un système gogo. Elle propose déjà une offre commerciale déclinée en trois pass, qui permettent aux passagers d’envoyer des messages, d’obtenir des informations sur leur destination, de faire des courses, d’accéder à l’IFE (contenu fourni par Global Eagle) ou de surfer sur Internet.