En plus d’avoir mis le transport aérien en deuil, les deux accidents du Boeing 737 MAX lui ont eu des conséquences qui vont bien au-delà du domaine technique. Selon l’IATA, c’est en effet la réputation de sécurité du transport aérien qui est en jeu mais aussi le fonctionnement du système de certification, basé sur la reconnaissance mutuelle des compétences des autorités de certification.
Gilberto Lopez Meyer, SVP Safety and Flight Opérations de l’IATA, s’est en effet inquiété de la volonté exposée au grand jour de certaines autorités (notamment indonésiennes et éthiopiennes, bien sûr) de ne pas forcément suivre l’avis de l’autorité de certification qu’est la FAA pour la remise en service du 737 MAX et de soumettre l’appareil à leur propres vérifications. « Certaines autorités veulent garder le droit de décider – et elles le peuvent – d’agir seules et de revoir tout le process pour donner l’accord qu’elles veulent. C’est une grande inquiétude pour nous. »
L’industrie doit s’assurer d’avoir des process suffisamment solides pour éviter la multiplication des examens redondants, autorité par autorité, ainsi que l’a rappelé Alexandre de Juniac, le directeur général de l’IATA.
« La croissance de l’industrie dans les dernières décennies a été basée sur la reconnaissance mutuelle : une compagnie ayant un avion avec une licence de vol de son pays peut voler partout dans le monde avec », souligne Gilberto Lopez Meyer. Et c’est sur ce système essentiel, « conçu en 70 ans », qu’est basé tout le fonctionnement de l’industrie. « Nous sommes dans une situation complexe et sans précédent qui met en danger sa stabilité. »
C’est ce message que l’IATA s’attache désormais à faire passer auprès des autorités de régulation. Un forum entre compagnies opératrices et futurs opérateurs du 737 MAX a déjà été organisée pour permettre un échange des différentes expériences – parallèlement à la réunion organisée par la FAA entre autorités de régulation. Un autre rencontre, rassemblant compagnies, avionneurs et autorités, est en cours d’organisation pour se tenir dans les cinq à sept prochaines semaines. « C’est la communication et l’échange d’informations dans ce cas très complexe aideront à prendre les bonnes décisions. » Et l’IATA est prête à assumer ce rôle de cohésion pour que le 737 MAX vole le plus rapidement possible dans les meilleures conditions de sécurité – ce qu’elle ne s’attend pas à voir survenir avant août – et que la défiance passe.
Si elle semble penser que cette situation sera malgré tout temporaire, nombre d’acteurs, comme la société de conseil ICF ou encore dans les rangs des industriels, craignent un durcissement des procédures de certification à moyen terme, auquel sera inévitablement associée une augmentation des coûts.