Lancée il y a deux ans, l’ACFA (Air Cargo France Association) est pleinement engagée dans sa mission de lobbying. L’association des acteurs du fret aérien français participe actuellement à la neuvième édition du salon Air Cargo Europe qui se déroule à Munich, l’occasion pour elle de mieux se mettre en valeur face à ses partenaires et concurrents.
En effet, la mission première de l’ACFA, qui regroupe onze acteurs privés (comme ADP ou Air France Cargo) et publics (comme la DGAC ou la douane), est de « fédérer les acteurs autour des plateformes parisiennes pour le développement économique et leur rayonnement sur le cargo », résume Elisabeth Hérelier, l’actuelle présidente de l’association. Autrement dit, leur redonner une attractivité qui s’est un petit peu ternie avec la crise du début de la décennie et l’essor des plateformes concurrentes en Europe (en Belgique et aux Pays-Bas notamment).
Forte de cette ambition, l’ACFA travaille sur tous les fronts : son efficacité, sa renommée et ses soutiens potentiels. Ses objectifs : améliorer ses process, s’ouvrir à de nouveaux acteurs – notamment l’acteur majeur qu’est FedEx à Roissy – et faire valoir auprès de l’Etat les intérêts de la communauté, afin qu’une véritable stratégie de soutien au secteur se mette en place.
Des axes de travail divers
L’ACFA a commencé par parier sur l’organisation de forums sur quatre grands thèmes qui occupent tous ses membres : la digitalisation de l’industrie, le matériel fret, le secteur pharma et le secteur « fresh ».
Thématique prioritaire dans tous les pans de l’économie, le digital a été le premier sujet sur lequel l’association s’est engagée et le thème du premier forum qu’elle a organisé en 2018. « La chaîne logistique est transverse donc la totalité des acteurs est impliquée dans sa réussite et la digitalisation est l’un des phénomènes qui permet de la fluidifier. Mais nous ne sommes pas tous aujourd’hui sur les mêmes niveaux d’intégration », explique Elisabeth Hérelier. Mettre tous les acteurs au même niveau est un travail qui se poursuit.
Un autre forum a été organisé par l’association au début de l’année, qui lui a fait franchir un grand pas vers une meilleure reconnaissance, sur le thème du « fresh ». Cet événement a rassemblé des acteurs de tous les pans de l’industrie : producteurs, transitaires, intégrateurs, supermarchés, compagnies aériennes, autorités phyto-sanitaires… Outre avoir eu le mérite d’éveiller l’intérêt des partenaires, le forum a permis à l’ACFA d’affiner ses priorités pour 2019 dans ce domaine et notamment d’engager une réflexion avec les autorités phyto-sanitaires sur la pertinence de s’impliquer dans un processus de certification fresh – en plus de la certification CEIV déjà obtenue dans le domaine pharma. Renforcer les liens avec ces autorités est également à l’ordre du jour, sachant que la problématique du Brexit maintient le secteur dans une certaine incertitude.
Le forum fresh a renforcé le travail sur une autre problématique qui concerne les infrastructures, notamment le transport en piste, pour avoir un meilleur contrôle sur les cargaisons une fois qu’elles sortent des installations de la société qui les traite : trajet jusqu’à l’avion et attente avant le chargement en soute. La réflexion est engagée sur le type de matériel qui pourrait être utilisé par les acteurs (couvertures, containers spécifiques), sur des moyens d’accès particuliers, des zones de stockage…
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Le recrutement, sujet de préoccupation majeur
Aujourd’hui, le recrutement est devenu un problème dans le secteur. Après plusieurs années où la tendance était plutôt à la stagnation des effectifs, les étudiants et les chercheurs d’emploi ont cessé de se tourner vers le cargo. L’un des axes de travail de l’ACFA est donc de remettre le domaine du fret dans leur esprit.
Le deuxième axe va être de faire mieux connaître les métiers car ceux-ci ont également beaucoup évolué. Auparavant très axés sur la manutention et le magasinage, ils se sont transformés avec le déploiement des technologies de digitalisation, d’automatisation, les technologies froides, la gestion de flux, de chaîne logistique… Ce sont des domaines dans lesquels il existe peu de formations et de gens formés. La pénurie de profils se fait ainsi sentir à tous les échelons de la chaîne.
En partenariat avec le Sycaff, l’ACFA s’attache à faire la promotion de ses métiers auprès des écoles (notamment de commerce international et de logistique mais aussi les lycées, BTS et bac pro) en organisant des visites ponctuelles, au cours desquelles elle présente les métiers et les chiffres-clefs de recrutement de ses acteurs. D’autres pistes sont à l’étude comme des actions communes de valorisation, par exemple en proposant des formations pour les prescripteurs d’emploi afin de leur exposer les besoins ou des petits salons autour de profils ciblés. L’ACFA réfléchit également à la possibilité de programmer des visites en aéroport afin de rendre le secteur plus concret. Autant d’actions qui doivent restimuler le tissu social pour recréer de l’emploi.
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