Ryanair est un petit peu moins low-cost. Le groupe a publié ses résultats pour le premier trimestre de l’exercice fiscal 2019-2020 et voit son bénéfice net baisser de 21% (à 243 millions d’euros). Ceci était prévu et résulte principalement d’une hausse de ses coûts, l’activité s’étant autrement plutôt bien portée.
Le chiffre d’affaires a en effet enregistré une progression de 11% à 2,31 milliards d’euros. Si le tarif moyen des billets a diminué de 6%, cela a eu pour effet de stimuler la demande (le nombre de passagers a augmenté de 11%) et a été compensé par la très bonne progression des recettes auxiliaires (+27% à 800 millions d’euros), deux effets qui ont permis à la recette par passager de se maintenir.
Chose inhabituelle, ce sont ses coûts qui ont enfoncé Ryanair. Le poste carburant a augmenté de 24% (soit 150 millions d’euros) en raison d’une augmentation des tarifs mais aussi des volumes nécessaires. Par ailleurs, l’intégration et la croissance de Laudamotion pèsent sur le reste des dépenses, qui ont globalement augmenté de 4%.
Ryanair indique que ses deux marchés les plus difficiles actuellement sont l’Allemagne et le Royaume-Uni. Pour ce dernier, on devine l’effet Brexit qui pèse sur la confiance des voyageurs et fait baisser les prix. En Allemagne, la low-cost explique que le rachat d’Air Berlin par le groupe Lufthansa lui donne de la surcapacité qui provoque la vente à très bas prix des sièges en surplus.
Mais la tendance risque de se confirmer dans les prochains mois car plusieurs difficultés se profilent. Tout d’abord, l’incertitude liée au Brexit va repartir de plus belle avec l’arrivée de Boris Johnson au poste de Premier ministre britannique et au fur et à mesure que la nouvelle date-butoir du 29 octobre se rapproche. Par ailleurs, Laudamotion sera toujours déficitaire pour sa deuxième année d’opérations – ce que Ryanair avait exclu au moment du rachat – car elle doit continuer d’absorber les coûts de lancement (augmentés par son différend avec le groupe Lufthansa au niveau de sa flotte) et doit composer avec la surcapacité des marchés allemand et autrichien. Enfin, l’immobilisation de la flotte de Boeing 737 MAX et le retard pris dans les livraisons entraînent des perturbations de son programme de vols et amènent la compagnie à ralentir sa croissance.
Ainsi les prévisions de Ryanair sur le reste de l’année restent prudentes, le groupe indiquant n’avoir aucune visibilité sur l’évolution au second semestre. Ce qu’il a constaté, c’est que le deuxième trimestre a un profil similaire au premier. Ryanair estime donc que ses tarifs seront dans la partie basse de ses prévisions initiales sur l’année, qui comptaient sur une évolution comprise entre une baisse de 2% et une hausse de 1%. Les coûts devraient continuer à augmenter, mais moins rapidement sur la partie hors carburant. Sur l’année, le groupe s’attend donc à un bénéfice stable, compris entre 750 et 950 millions d’euros.
Concernant l’acquisition de Malta Air en juin, Ryanair a précisé que la quatrième compagnie du groupe devrait voir sa flotte passer de six à dix appareils basés à Malte d’ici trois ans. Elle va surtout hériter des opérations de toutes les bases de Ryanair en Allemagne, en Italie et en France.